Des ouvriers agricoles occupent un domaine viticole de 416 hectares à Grombalia et menacent d’y mettre le feu si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Ambiance…
Le 1er août, des ouvriers agricoles occupent le domaine Atlas, à Grombalia, à 40 km au sud de Tunis, chassent la direction et proclament un sit-in ouvert jusqu’à la satisfaction de leurs revendications.
Dix jours plus tard, le sit-in ouvert s’est transformé en une occupation permanente. Les équipements, d’une valeur de 5 à 10 millions de dinars, risquent de se détériorer par manque de maintenance. Les bureaux de l’administration sont également sous le contrôle des ouvriers. Qui menacent de brûler le vignoble, comme cela est déjà arrivé à un autre vignoble de la région, le Saint Augustin, aujourd’hui complètement cramé.
Quand l’Ugtt s’en mêle
Le domaine Atlas, d’une superficie de 416 hectares, une joint-venture de spécialistes autrichiens et tunisiens depuis 2001 par un investisseur autrichien. Placé sous le régime off-shore, sa production étant destinée à l’exportation, il emploie quelque 42 personnes entre cadres et ouvriers et assure, une masse de travail estimée à 25.000 jours ouvriers/an.
Travaux de vinification dans le domaine Atlas.
Les employés, soutenus par l’Union régionale du travail de Nabeul, affiliée à l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), sont payés selon le régime amélioré des travailleurs agricoles. Ils veulent bénéficier des dispositions de la Convention collective des ouvriers des boissons alcoolisées. Ce qui se traduirait par une hausse des salaires d’environ 100 dinars par mois.
«La direction du domaine n’est pas opposée à l’amélioration de la situation matérielle de ses ouvriers, mais cette question fait actuellement l’objet d’une négociation menée sous la houlette du ministère des Affaires sociales», explique Imed Ettayeb, œnologue, qui s’inquiète pour la production du domaine. «Les vignobles sont un produit périssable et nous sommes actuellement en pleine période de vinification. Un retard d’un jour, et c’est toute la production qui pourrait être perdue», explique M. Ettayeb.
Cave du domaine Atlas, les équipements modernes sont menacés.
Le domaine étant sous le régime offshore, donc sous-douanes, la direction s’est adressée aux services de la douane, à ceux de la police, à la délégation régionale du ministère de l’Agriculture et à toutes les autorités régionales, espérant une intervention pour faire cesser l’occupation du domaine et relancer la chaîne de production. En vain.
Un «mouchard des étrangers»
Seule l’Union nationale des agriculteurs tunisiens (Unat) a répondu aux appels incessants de la direction du domaine. Un représentant de l’organisation professionnelle prendra part à la réunion qui se tiendra, mercredi, à 10 heures, au gouvernorat de Nabeul, en présence de toutes les parties concernées, afin de trouver une solution au problème.
«J’ai essayé de dialoguer avec les employés pour essayer de trouver une sortie à la crise, ils m’ont dit: ‘‘Tkawwed lil ajaneb’’ (Tu es un mouchard des étrangers). Ces gens ne comprennent pas qu’ils mettent en danger leur gagne-pain», se plaint M. Ettayeb.
Imed Bahri