24 heures après avoir accosté sur les côtes tunisiennes, les quelque 130 plaisanciers de la XXIème Route du Jasmin sont partis faire un petit tour dans la ville de Bizerte. Reportage Zohra Abid
Quelques uns de ces plaisanciers ont préféré se détendre et prendre des couleurs sous le beau soleil de Bizerte, station balnéaire à l’extrême nord de la Tunisie, qui cherche à booster son tourisme de plaisance.
Rien ne les dérange, même pas le vent qui soulève les graines de sable. Ces amoureux de la mer, qui ont quitté le 1er août le port de La Seyne toulonnaise (France), ont fait escale à Carloforte sur la petite île San Pietro, dans le sud de la Sardaigne, avant de reprendre la route vers les côtes tunisiennes.
Au programme : un séjour d’une semaine, du 8 au 16 août, où ils accosteront dans deux des autres ports de plaisance de la Tunisie: Tabarka, Sidi Bou Saïd, Yasmine-Hammamet, El Kantaoui de Sousse, Monastir, Djerba Houmet Essouk. Ils ont l’embarras du choix...
Toulon-Sardaigne-Bizerte... Aller-retour
Selon Joseph Minetti, fondateur et organisateur depuis une vingtaine d’années de la Route du Jasmin: «Les travaux de la Marina de Bizerte nous ont privés de petits plaisirs pendant deux années. J’allais arrêter la Route du Jasmin (une bretelle marine entre Toulon et Bizerte, Ndlr) à son 20ème anniversaire. Je me suis dit, au final, qu’il n’est pas possible de l’arrêter. Je n’ai pas cessé de rappeler aux autorités tunisiennes qu’il est aberrant que Bizerte n’ait pas son port de plaisance. Il s’agit de la porte d’entrée de la Tunisie, la porte la plus proche de l’Europe», a dit cet amoureux de la Tunisie, lors d’une conférence, mardi, à la Marina de Bizerte, encore en chantier.
Joseph Minetti, organisateur de la Route du Jasmin.
M. Minetti était entouré du maire de la ville Salah Fliss, Christophe Lacote (directeur commercial de Marina Bizerte) et Khaled Ben Gharbia (responsable du Club nautique de Bizerte). Les quatre conférenciers étaient sur la même longueur d’ondes. Selon eux, l’avenir de Bizerte ne peut être florissant qu’avec le développement de son environnement. La ville pourrait, selon eux, booster son tourisme et devenir un important bassin d’emplois grâce à sa marina.
Salah Fliss, maire de Bizerte.
Les travaux de ce projet ont été en effet lancés depuis un peu plus de deux ans. L’inauguration prévue en 2011 a dû être repoussée de quelques mois pour des raisons diverses. Selon Salah Fliss, accueillir les visiteurs d’ici et d’ailleurs est toujours un plaisir. Le maire de Bizerte et son équipe croient en ce projet et pensent à l’avenir de la ville, qui ne peut plus rester repliée sur elle-même.
Des quais et une croisette de plaisir
«La nouvelle équipe municipale œuvre pour que la ville garde sa vocation historique en restant toujours ouverte sur la Méditerranée», a rappelé M. Fliss. Et d’ajouter: «Il y a eu des gens hostiles à ce projet. Ils voulaient que Bizerte reste à la traîne. Il y a eu des responsables qui n’ont pas fait leur boulot. Ils étaient là, juste pour se remplir les poches», a-t-il accusé. Inutile de dire que M. Fliss croit fermement à ce projet, car, selon les données, il doit créer au moins 2.000 emplois.
Khaled Ben Gharbia du Club nautique de Bizerte.
Khaled Ben Gharbia a, de son côté, évoqué l’apport des sports nautiques de la ville. Selon lui, Bizerte est omniprésente dans les compétitions internationales et remporte souvent des titres. Et de souhaiter que cette infrastructure apporte le déclic nécessaire pour le développement de la cité balnéaire. M. Ben Gharbia n’est pas peu fier des activités de son club, du niveau de ses membres et de sa ville qui va accueillir, en 2014, le Championnat du monde de la voile. D’autant qu’à cette date là, la Marina de Bizerte aura déjà pris son essor.
Christophe Lacote, directeur commercial de Marina Bizerte.
Selon M. Lacote, il y a eu un retard de deux ou trois mois, mais le projet sera fin prêt début 2012. Et fin 2012, Bizerte aura sa Marina avec ses quais, ses anneaux, sa croisette, sa résidence Nautilus et ses balades. «Avec une capacité de 800 anneaux répartis sur 2 bassins en fonction de la taille des bateaux, une croisette avec des commerces, restos, pubs, bars, cafés, night clubs, une piscine et une salle de sport. Ainsi que la résidence Nautilus avec des appartements de grand standing», a-t-il annoncé. Et de mettre l’accent sur le tourisme nautique, à même de booster l’économie dans la région.
«Il y aura des plaisanciers qui cherchent et l’accueil, et les services. Pour répondre aux exigences des clients, un port technique sera géré par un pôle de compétences internationales et répondra aux exigences attendues par le nouveau tourisme », a dit M. Lacote. «‘‘Invest in Tunisia, Invest in Marina Bizerte’’, tel est le slogan présenté aux investisseurs étrangers, déjà épris par le projet», a renchéri le maire, décidément en verve.
Plaisanciers, à vos voiles!
C’est plus qu’un projet, selon M. Minetti. Il s’agit d’un potentiel de navigation et il faut jouer la bonne carte pour développer la côte. «Saviez-vous qu’en hiver, par exemple, et non en temps de croisière, un yacht de 40 mètres coûte à son propriétaire, outre sa valeur, dans les 140.000 euros par mois pour la maintenance. Les petites maintenances sur place sont une manne financière et de main-d’œuvre locale. Il faut donc miser sur ce tourisme porteur de devises et d’emplois», a-t-il ajouté. Et d’ajouter que les plaisanciers ne sont pas, certes, des richards, mais ils ont un bon pouvoir d’achat. «Chacun peut dépenser dans les 350 euros par semaine. Faites un peu le calcul, ce n’est pas rien», dit encore M. Minetti.
Plaisancier français participant à la Route du jasmin.
Interrogé sur le nombre en baisse de bateaux ayant participé dans La Route du Jasmin par rapport aux premières éditions, M. Minetti a répondu: «C’est la conjoncture, il y a baisse. On était à 70, aujourd’hui, on est à 50. Les Italiens n’ont pas répondu présent». Et d’ajouter, pour l’anecdote, que lorsqu’il parle de la Tunisie, les gens s’étonnent. «Je viens de passer au printemps un séjour et tout est bien. J’ai fait 700 km et je n’ai jamais eu de pépin. Au contraire, toujours bien accueilli. On ne me croit pas. Je viens de leur dire, les risques sont parfois à vos portes, regardez autour de vous, en Norvège par exemple!». Et de poursuivre, que l’avenir de Bizerte est, qu’on le veuille ou pas, dans le développement d’une synergie entre la Marina et la ville.
M. Minetti a une idée en tête. Il voit en Bizerte un futur radieux. C’est même un challenge pour lui. «Au lieu que ça soit aux Caraïbes, ça serait ici. Sur les quais de Bizerte». Oui, à Bizerte! Car tout coûte moins cher. «C’est tout d’abord, la porte à côté pour les Européens. Et pour le stationnement des bateaux de 35 et 40 mètres, le coût est moins important que sur les quais de la Côte d’Azur. Surtout que dans cette zone du sud européen, les places sont rares et les prix exorbitants. En Tunisie, pour le moment, il est encore possible d’acquérir un anneau ou un pied à terre à des prix très raisonnables», a ajouté M. Lacote. L’invitation reste donc ouverte pour les plaisanciers et autres qui souhaitent investir en Tunisie.