Vendredi 19 août au soir, à Orange DevCenter aux Berges du Lac de Tunis, il n’y avait pas de place pour les génies. Toute la place était pour les génies. Reportage de Zohra Abid
Une douzaine de jeunes développeurs d’applications pour téléphone mobile rivalisent d’intelligence et de créativité, à chacun de concevoir son appli et que le meilleur gagne. Top chrono!
Pour les plus doués (et passionnés) de nos jeunes ingénieurs, l’événement est de taille. Il s’agit du Coding Party où 12 personnes se répartissent en 3 groupes afin de développer des applications mobiles. Chaque groupe doit travailler, selon des thèmes proposés, sur une application pour l’Android et l’iPhone. Orange Tunisie a mis à leur disposition une connexion à Internet haut débit, des PC et des Smartphones. Il leur reste à s’appliquer, à finasser leurs applications et à les tester avant la sélection finale.
Ambiance conviviale et vivier de créations
Chut ! On ne vient pas déranger, mais juste prendre une photo de groupe. Une manière d’immortaliser ce conclave de petits génies de la high-tech…
Nous sommes au premier étage de l’Orange DevCenter (Odc), à la rue du Lac de Côme. Il est presque 22 heures. Le groupe des douze a répondu présent. Un petit briefing avec les spécialistes et tout le monde au boulot. Même pas une seconde à perdre. Pas de sommeil, non plus, pendant toute une journée. Le moment est au silence des... créateurs.
Quid du «shour» (collation ramadanesque d’avant le début du jeûne, vers 4 heures du matin)? Pas d’inquiétude, il leur sera servi dans quelques heures. Quant à la rupture du jeûne, le lendemain, ce sera sur place et bien aux frais de la princesse Orange.
Aux côtés des jeunes ingénieurs, des formateurs qui vont les aider à créer (et perfectionner) leur projet destiné à la vente.
Orange Tunisie, on le sait, se charge des frais de souscription au programme de développement, de faire le suivi du référencement ainsi que la promotion du projet.
«Celui qui a en tête une application, il la fabrique et la met en vente. Une fois l’application est vendue, son auteur touchera 70% de son prix. Les 30% reviennent à Orange qui fait l’hébergement et s’occupe de toute la gestion», explique un responsable d’Orange Tunisie.
Mix your ideas
Les jeunes développeurs sont bien partis pour 24 heures. C’est le temps de lancer leur appli. Le groupe n’a qu’à faire le vide autour de lui pour se concentrer sur son projet. C’est déjà bien de démontrer ce dont on est capable dans la conception et le développement d’applications pour téléphones mobiles. Mais si on arrive à gagner une petite récompense d’Orange, c’est encore mieux. Si l’application s’avère vendable (et exportable), alors ce serait le jackpot et la porte ouverte à la grande aventure.
En Tunisie, on parle d’au moins 7.000 ingénieurs qui sont des développeurs ayant acquis un savoir-faire qui s’exporte bien. Autant créer, vendre et en profiter ! Et faire profiter le pays, qui en a tant besoin, par ce temps d’inquiétude et… d’espoir.
Ingénieurs, à vos marques !
Yahia Mzoughi a 25 ans. Il est formateur depuis un an. Il a fait des études en ingéniorat et s’est spécialisé dans le développement du web. L’iPhone est son grand amour du moment. Mohamed Khalloufi a le même âge. Lui aussi est ingénieur, mais il s’est spécialisé dans l’Androïd. Youssef Mahrezi, pour sa part, est passionné de tout. Les Balckberry et Androïd n’ont plus de secret pour lui. Enfin presque. Youssef, qui a étudié à l’Insat, fréquente l’Odc depuis son inauguration le 16 décembre 2010. «Pour tester mon application, pas facile. Car, il me faut un gros budget. Ici, c’est gratuit et j’ai à mes côtés des spécialistes qui m’encadrent», dit Youssef à Kapitals avant d’enfiler, comme tout le monde, son tee-shirt noir griffé du petit logo de la maison. L’heure est à la grande concentration. Laissons-les dans leur univers de gestation, de création!
L’Orange Dev Center affiche, dès le départ, ses ambitions. Il s’agit d’un laboratoire d’intelligence hautement équipé et dédié aux développeurs d’applications pour Smartphones. L’objectif est de créer, dans ce domaine, un «label Orange». «Les applications mobiles seront utiles, utilisables et utilisées, comme étant un passeport vers de nouveaux marchés», me dit l’un des responsables d’Orange. Dès le début, les efforts se sont concentrés sur la multiplication des ateliers et des formations. «Les applications se vendent bien. Et ça peut rapporter beaucoup. C’est quelque part, une sorte de promotion de l’ingénierie tunisienne à l’échelle nationale et internationale à travers la création de services à valeur ajoutée, qui va contribuer à l’émergence d’une nouvelle économie avec un potentiel d’employabilité», explique à Kapitalis Nadia Mkhinini, chef de département Marketing des services à valeur ajoutée et qui s’occupe du programme depuis son lancement.
L’avenir appartient à la mobilité
Depuis son inauguration, l’Odc a organisé plusieurs ateliers de formation dans les grandes villes du pays: Tunis, Sousse, Sfax, Bizerte. Pas moins de 800 jeunes ont pu découvrir le monde des Smartphones et leurs écosystèmes. Ils se sont familiarisés avec les codes de cette technologie de pointe, avec la création, la publication et la gestion des applications mobiles.
A part les ateliers, L’Odc a noué des relations avec des partenaires dans les grandes écoles dans toutes les régions du pays (Gabès, Sousse, Siliana...). Près de 500 étudiants ont profité d’une formation de pointe en matière de développement d’applications mobiles grâce à un module d’étude semestriel intégré dans le cursus universitaire. Et ce n’est pas fini! 11 élèves ingénieurs ont été sélectionnés avec des projets de fin d’étude au sein du DevCenter d’Orange Tunisie. Aujourd’hui, la page face book d’Odc accueille une communauté de 205.000 fans (difficile de faire mieux) qui s’échangent idées et savoir-faire. Ce n’est pas rien et ça ne peut que faire du bien à nos informaticiens, à aiguiser leur curiosité et en enraciner en eux la culture du partage – caractéristique des nouvelles technologies de l’information – et de la saine émulation intellectuelle et créatrice.