Mohamed Bridaâ, qui a succédé il y a trois semaines à Salwa Smaoui à la tête de Microsoft Tunisie, a le contact simple et chaleureux. La trentaine décontractée, l’homme ne s’en prend pas la tête.
Autour d’un déjeuner-débat offert, jeudi, au Golfe de La Marsa, Mohamed Bridaâ a préféré se présenter avant de se soumettre aux questions des journalistes. En tenue de ville correcte, M. Bridaâ ne cherche pas à impressionner, mais à établir un contact, à expliquer, à discuter. Et c’est ainsi qu’il révèle l’étendue de son talent de manager.
Place aux présentations !
«Je ne suis pas habitué aux conférences formelles. Je préfère que ça soit une causerie sympa plutôt qu’autre chose. C’est pour cela que j’ai proposé ce déjeuner presse. C’est pour qu’on soit tous à l’aise», lance le nouveau directeur général de Microsoft Tunisie à ses invités. Ces deux petites phrases prononcées avec le sourire timide ont déjà mis tout le monde en confiance.
Mohamed Bridaâ
Comme entrée, M. Bridaâ a rappelé qu’il est un produit pur jus tunisien. Mais que veut-il dire par là ? M. Bridaâ n’a pas été formé dans des grandes universités européenne ou américaine. «Je suis né à Kairouan, où j’ai passé l’essentiel de mon enfance et fait mes études primaires. Quant au secondaire, j’étais au lycée pilote de l’Ariana. Pour le supérieur, j’ai fait l’ingéniorat en informatique à la Faculté des sciences de Tunis», a-t-il dit. Et d’enchaîner, sans perdre le sourire : «Avant mon master, j’ai donné, comme tous les jeunes diplômés, des cours aux élèves. Car, tout au début, j’ai cru que j’allais être enseignant et que ma carrière s’arrêterait là». Mais le fait d’être ingénieur, passionné de logiciel, et qui plus est animé d’ambitions, a fini par lui ouvrir des portes. Il n’avait, d’ailleurs, qu’à frapper. Ce qu’il a fait.
Tunis, Francfort, Moyen-Orient, Tunis
Après un court passage dans une entreprise tuniso-belge, qui a garni son CV, Mohamed Bridaâ avait déjà la tête ailleurs. Direction : Francfort, en Allemagne. Et c’est là que son avenir a commencé à se dessiner. Notre ingénieur développeur de logiciels confirmé, qui a acquis de l’expérience dans les systèmes distribués et les solutions B2B, a trouvé en 1999 sa place. La bonne ! On lui a confié le poste de directeur de projet à Intellixx pour conduire la mise en place de l’une des premières E-Marketplace industrielles en Europe.
Deux ans plus tard, retour au bercail et c’est là que Mohamed Bridaâ deviendra directeur technique chez StartOsphere en Tunisie. En parallèle, il poursuit ses études. Son CV est de plus en plus étoffé. Enfin titulaire d'un «Bachelor of Science» et d’un Mastère en Systèmes et Réseaux de Communication, il veut tenter plus sa chance dans des firmes internationales et aller jusqu’au bout de ses rêves. Ambitieux et, surtout, confiant, il lorgne sur Microsoft. Après tout, pourquoi pas !
C’est ainsi que le lycéen de l’Ariana a pu rejoindre la firme américaine. C’était vers la fin de l’année 2002. Il dirigera brillamment plusieurs initiatives stratégiques dans le domaine du Cloud Computing, CRM et Strategy Consulting. Ce qui lui a permis d’être propulsé davantage. Mohamed Bridâa a même démontré qu’il était capable de conduire des projets e-Government en Angleterre et dans la région Middle East and North Africa (Mena) en supervisant notamment les structures Consulting et Support dans différents pays de la région dont la Tunisie.
Innovation technologique pour impulser l’emploi
Toujours chez Microsoft, Mohamed Bridaâ occupera durant les trois dernières années différentes responsabilités de premier plan, dont le développement de la division Services Professionnels pour la région Afrique du Nord, Levant et Pakistan. Après ses passages en Allemagne, au Maroc et à Dubaï, il revient à la maison. Le 1er septembre, il succède à Salwa Smaoui, promue de son côté directeur régional de la division «Advertising & Online» pour l’Afrique et le Moyen Orient.
Déjeuner de presse Microsoft
«Je ne peux qu’être enthousiaste. C’est avec nos jeunes compétences que je vais contribuer au développement du secteur. Nous avons un potentiel humain énorme et nous avons un rôle à jouer pour créer des emplois. Surtout dans cette période fragile de notre histoire. Nous sommes tenus de redoubler d’effort», explique-t-il. Lui et ses 30 collaborateurs de Microsoft Tunisie. Pour réussir, l’équipe doit être en totale synergie en interne, mais aussi avec les clients. Le principal objectif du jeune dirigeant étant de permettre aux citoyens et aux 250 entreprises partenaires de Microsoft dans toutes les régions, et notamment le ministère de l’Education, d’exploiter leur plein potentiel.
«Ce sera en stimulant l’innovation technologique pour une meilleure employabilité à travers des initiatives comme le Microsoft Innovation Center et en facilitant l’accès aux technologies de l’information à un plus grand nombre de citoyens», dit M. Bridaâ, qui rappelle, à ce propos, que «plus de 50% de créations d’emplois proviennent du secteur des hautes technologies».
Zohra Abid