Désigné pour y lancer la voie du métro à Sfax, un site finit par être un comité de coordination du Rcd. Cet épisode a été évoqué, lors des récentes «Journées de développement de la ville de Sfax».

Par Aya Chedi


Le week-end dernier a été un rendez-vous riche de débat à Sfax. On a essayé de traiter de la question suivante : «Quel nouvel élan de développement de la région de Sfax dans la nouvelle Tunisie ?».


Salem Miladi

Salem Miladi, ministre du Transport, qui animait la rencontre, est revenu sur les problèmes qui empêchent un sain développement des transports collectifs dans la ville. Mais pas que cela.

Le ministre a commencé son intervention en citant deux constats concernant la voirie et le transport collectif. Il a admis qu’il y a eu un déficit programmé de l’infrastructure à Sfax au niveau de la voirie, des échanges et, selon lui, «l’exemple le plus frappant c’est celui du pont, dont la durée de construction s’est étalée sur plus de six ans et qui a connu la succession de pas moins de quatre entreprises de travaux publics».

Mais c’est surtout le transport collectif qui a connu la plus importante marginalisation dans la deuxième ville du pays. «J’ai personnellement actualisé le plan directeur des transports de la ville de Sfax, déclare Salem Miladi. Le plan d’aménagement de la ville a bel et bien été réalisé. C’était en 2004. Quand on va dans les arbitrages au niveau de chaque plan, ce qu’on retient ce sont les études».

La défaillance des infrastructures de transport

A chaque étape des négociations. Toutes les équipes sont présentes et sont chargées, à leur tour, de concevoir des études de faisabilités. «Dans le cas du projet du métro de la ville de Sfax, on avait jugé opportun de démarrer les travaux depuis 1992 et 1996. Le projet a été en fin de compte retenu, mais la réalisation tarde encore», précise encore le ministre. «Quelques mois avant la Révolution, j’ai réussi à faire passer l’accord. Le financement allait être fourni par le Femip à travers la Banque européenne d’investissement (Bei). Il s’agit d’un financement grandiose puisque un seul kilomètre de métro léger coûte quelques 25 millions de dinars».

Résumant les raisons de la défaillance de l’infrastructure des transports dans la ville de Sfax, le ministre du Transport a réussi à choquer en citant deux exemples, tout en pointant du doigt certains anciens responsables régionaux. Selon lui, «quand on avait changé la voie de transport des phosphates de la Médina Jédida au Port El Krekna, le ministère du Transport avait sauté sur l’occasion pour la désigner comme la première ligne de métro. Il s’agissait d’un site propre sur lequel il se trouvait de vieux ponts dont on garde de jolis souvenirs et que l’on pouvait agrandir. Avec 20 millions de dinars, on aurait pu démarrer la première ligne de métro. Mais personne n’a exécuté et pire encore, quelques mois après, nous étions choqués en voyant le Rcd mettre la main sur le site pour y construire sa ‘‘Lajnet Tansik’’ (Comité de Coordination)».

Le deuxième exemple flagrant concerne le doublement de la voie vers Essedra. «J’ai personnellement veillé à la programmation de ce projet pendant plus de trois ans», dit le ministre. Il poursuit : «Ce projet était programmé dans le budget de l’Etat. Mais quand on avait pensé démarrer le projet, nous nous sommes heurtés aux contraintes de l’expropriation et personne n’a eu l’indulgence de concéder sa propriété au profit de la communauté. Le projet a enfin été un échec».

Des infrastructures sous-exploitées

Qualifiant les infrastructures de transport dans la ville de «sous-exploitées», le ministre a souligné que l’aéroport de Sfax ainsi que son port commercial en sont la parfaite illustration. Au niveau de l’aéroport c’est surtout l’activité du fret qui connaît des problèmes. «On nous a laissé entendre que beaucoup d’entreprises exportatrices ne réussissent pas à assurer l’export de leur produit. Nous avions consacré 2 millions de dinars pour le développement du centre de fret, mais on n’a pas réussi à atteindre les résultats escomptés faute de lignes internationales. C’est un sujet à voir de plus près», dit M. Miladi.

En ce qui concerne le port «il faudrait savoir ce qu’on veut», a encore dit Salem Miledi. Selon lui, «si on dit ‘‘Dégage’’ à la Siap (l’usine spécialisée dans les industries chimiques très polluantes, et que les habitants de Sfax veulent voir délogée), il faudrait être conscients des conséquences d’un tel acte. Il s’agit de milliers de postes d’emploi qui seront perdus et il sera difficile de les restituer, surtout qu’il s’agit d’un secteur hautement stratégique, à savoir celui des phosphates qui représente plus de 54% du trafic du port, outre celui des céréales qui représente près de 24% du total. Il faudra ainsi s’attendre à la perte des revenus et des emplois qui découleront d’une telle décision».

Agrément à la compagnie Syphax Airlines

«Les journées de développement de la ville de Sfax» ont par ailleurs été caractérisées par l’accord de l’agrément à la nouvelle compagnie aérienne Syphax Airlines. Une compagnie qui devra démarrer ses activités à partir du mois de mai prochain, qui liera Sfax à différentes villes : Paris, Istanbul, Tunis, Tripoli, et autres destinations à bord de deux airbus.

La société, qui emploiera 70 personnes pour atteindre les 200 emplois dans les trois ans, jouit déjà du support de la communauté d’affaires de la région. Pourvu qu’elle réussisse un tant soit peu à résoudre certains des problèmes de la ville, qui semblent être beaucoup plus complexes que cela.