Pour un pays dépourvu de richesses naturelles, il n’y a pas d’autre choix que de développer des activités à forte valeur ajoutée. Par Samir Messali


On aura tout vu comme programme économique des différents candidats aux élections du 23 octobre. Nos politiciens s’amusent parfois à raconter des bêtises et se permettent de rêver comme le fait un citoyen lamda au lieu de demander l’avis de spécialiste ou même de nos jeunes diplômés d’économie, pour la plupart au chômage.

Des richesses à créer avant d’être distribuées

Il n’y a pas de magie en économie. C’est une science à part entière qui a même son prix Nobel. C’est grâce aux idées d’un économiste de génie comme J. M. Keynes que les Etats-Unis ont pu se remettre de la crise de 1929 et devenir la première puissance économique mondiale.

Faut-il aussi se rappeler que parmi les causes de la grave crise économique qu’a connue la Tunisie en 1986, il y avait des décisions économiques prises par l’homme de lettre et Premier ministre de l’époque Mohamed Mzali ?

Bien sûr, tous les candidats promettent une distribution équitable des richesses. Mais faut-il d’abord créer et développer ces richesses ! Une définition toute simple, le Pib est la somme des valeurs ajoutées. La valeur ajoutée se définit comme la valeur de vente d’un produit moins la valeur des matières premières et des matières consommables. La différence entre ces deux valeurs sera distribuée aux différents intervenants directs et indirects dans le processus de fabrication de ce produit. Ainsi les travailleurs auront des salaires, l’Etat percevra des taxes, et les actionnaires auront leur bénéfice. Augmenter la richesse d’une nation passe par l’augmentation du volume de la production certes, mais pour accéder au rang de pays développés il faut inéluctablement développer les produits à forte valeur ajoutée.

Développer des activités à forte valeur ajoutée

Prenons un cas simplifié. Une usine européenne qui fabrique des voitures dans leur totalité. Vous avez une tonne d’acier et de différents produits chimiques qui entre à l’état quasi-brut à l’usine pour une valeur disant de 1.000 euros. A la sortie, vous avez une voiture qui vaut 10.000 euros. La différence, 9.000 euros, servira à rémunérer des ouvriers à plus de 1.300 euros par mois, des ingénieurs, l’Etat, et les actionnaires.

Prolongez cette analyse pour la production de trains et d’avions qui valent des dizaines de millions d’euros.

Prenez maintenant un cas qu’on connaît chez nous. Une usine de confection de jeans. C’est du tissu, du fils et 4 boutons qui entrent pour une valeur de 5 euros, et à la sortie un pantalon qui s’exporte pour une valeur 10 euros, laissant comme valeur ajoutée de quoi payer des ouvrires à 300 dinars par mois (et non 170 dinars) et un revenu confortable pour le patron. Ce jean se vendra sur le marché européen à 50 euros. La différence, soit 40 euros, sera empochée par des entreprises européennes qui ne se sont occupées que de la conception, du marketing et de la distribution. Et si cette distribution ne nous plaît pas, il y a d’autres pays dans la région ou dans d’autres régions du globe qui sont prêts à faire ce travail pour moins que ça.

Pour un pays comme le nôtre dépourvu de richesses naturelles, il n’y a pas d’autre choix pour se développer économiquement que le développement d’activités à forte valeur ajoutée. Ce qui nécessitera une vrai réforme des universités afin qu’elles fournissent la matière grise adéquate et la mise à niveau des entreprises qui devront utiliser au mieux cette matière grise. Il ne faut pas compter sur les étrangers pour nous faire des cadeaux. D’Orient ou d’Occident, les entreprises n’ont qu’un seul objectif : vous exploiter au maximum pour réaliser toujours plus de bénéfices.