En Tunisie, où les femmes représentent 27% de la population active, le nombre des femmes entrepreneurs a été multiplié par 40 depuis 1970. Leur nombre est aujourd’hui évalué à plus de 10 000. Malgré cette évolution, commune aux autres pays du Maghreb, beaucoup reste encore à faire en faveur d’une meilleure contribution des femmes aux efforts de développement dans la région.
«Les textes seuls ne suffisent pas pour une promotion optimale de l’entreprenariat féminin en Afrique du Nord», a souligné Mme Karima Bounemra Ben Soltane de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), à l’ouverture des travaux d’un colloque sur l’entreprenariat féminin en Afrique du Nord organisé conjointement par le CEA et l’Union du Maghreb arabe (UMA), avec l’appui de la Banque islamique du développement (BID). Ce colloque, tenu les 1er et 2 mars à Marrakech (Maroc), a réuni une centaine de femmes entrepreneurs ainsi que de hauts responsables maghrébins des ministères en charge du commerce, de l’intégration régionale et des questions de genre.
Selon des études récentes du Bureau Afrique du Nord de la CEA, les femmes entrepreneurs constituent une catégorie émergente au Maghreb. Ainsi en Tunisie, le nombre des femmes entrepreneurs a été multiplié par 40 depuis 1970. Leur nombre est évalué à plus de 10 000 depuis 2004. Elles sont représentées au sein de la Chambre nationale des femmes chefs d’entreprises (CNFCE), relevant de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA).
Même si cette tendance commune à l’ensemble des pays de la sous-région révèle une plus grande égalité entre hommes et femmes en matière d’éducation et de formation, beaucoup reste toutefois à faire dans le domaine des opportunités économiques.
Selon Mme Bounemra Ben Soltane, «les femmes continuent d’avoir plus de difficultés d’accès au marché du travail formel et font face à bien des inégalités en termes de salaires, de conditions de travail, de statut et de responsabilités professionnelles».
Pour ce qui est du secteur informel où les femmes du Maghreb tiennent une place très importante grâce aux savoirs traditionnels et empiriques liés entre autres aux métiers du textile, de la vannerie, de la poterie et de la décoration, il est important de préserver ce capital culturel mais aussi de le faire évoluer pour l’adapter aux exigences sans cesse changeantes du marché, a-t-elle poursuivi.
Le colloque de Marrakech a permis aux participantes de définir, au-delà du rôle des femmes entrepreneurs dans le développement économique du Maghreb en général, des stratégies ciblées de valorisation de leur place dans le processus d’intégration économique sous-régional. Il leur a permis aussi des échanges sur l’utilisation des nouvelles technologies et sur l’appui que les institutions financières peuvent apporter à l’entreprenariat féminin maghrébin dans le contexte de la crise économique et financière actuelle.
Le Bureau sous-régional de la CEA en Afrique du Nord est lié à l’UMA par un programme pluriannuel de coopération dont la mise en œuvre a démarré en janvier 2008. Les questions genre occupent une place centrale dans ce partenariat. Pour le Secrétaire général de l’UMA, M. Habib Ben Yahia, les enjeux de l’intégration régionale et les implications de la crise économique et financière sont tels que la valorisation de l’entreprenariat féminin est impératif pour tous les pays maghrébins.
Yüsra Mehiri