Les anciens dirigeants ont voulu développer le tourisme et ont, par exemple, porté Sama Dubaï au ciel. Avec le changement, il faudrait maintenant revoir tous les mirages qu’on nous a servis. Surtout dans ce secteur sinistré.
Par Munt
Il y a des vérités qui doivent être dites. Je me limite à l’exemple du tourisme. L’accent qui a été mis sur son développement est très discutable. Pour légitimer ce choix on a voulu nous faire croire que le tourisme rapprocherait les peuples et inciterait à une compréhension mutuelle. Argument fallacieux car chaque fois qu’il est question de tension internationale ou d’évènements internes, le robinet du tourisme se met à tarir.
Des activités contre-productives
On ne peut pas bien sûr reprocher aux touristes de nous laisser tomber aux mauvais moments. Le comportement des touristes européens est surtout motivé par les bas prix de la destination Tunisie. Ce n’est pas pour donner un coup de pouce à notre économie nationale qu’ils font le déplacement.
Peut-être est-ce à cause de ce peu à gagner que certains esprits inventifs ont développé le secteur du «bezness» et le harcèlement des touristes, activités contre-productives.
Comme réaction, beaucoup de visiteurs barrent la Tunisie de leurs destinations futures. Les médias étrangers se font aussi l’écho des mésaventures de leurs compatriotes au pays du jasmin. Des associations de femmes victimes de l’arnaque aux sentiments se sont créées un peu partout pour prévenir les «proies» potentielles contre les embuscades que leur dressent les «rats». Les appellations ne sont pas les miennes.
J’ajouterai en ce qui concerne le tourisme comme facteur de rapprochement et d’ouverture que plus la Tunisie ouvrait ses frontières à l’Europe, plus celle-ci fermait les siennes aux Tunisiens.
Des touristes arabes en Turquie
«Hez ya wez» et «zawaj el-misyar»
En ce qui concerne «nos frères arabes», il faut dire qu’ils ont une vision différente. Leurs pétrodollars qui les rendaient sympathiques dans les pays occidentaux ont perdu beaucoup de leur charme depuis un certain 11 Septembre. Par ailleurs, le Liban qui fut longtemps un terrain de chasse traditionnel comporte maintenant des risques. L’Égypte pour laquelle ils ressentaient de grandes affinités culturelles qui n’avaient rien à voir avec l’héritage pharaonique ou fatimide mais étaient plutôt liées à la profusion des casinos et du «hez ya wez» n’est plus ce qu’elle était.
Le Maroc et la Tunisie se sont donc profilés comme cibles alternatives. Des histoires ont commencé à circuler sur l’hospitalité de la population locale peu farouche et qui verrait le «rapprochement» d’un bon œil.
Touristes du Golfe à Genève en 2008
Il faut savoir, à ce propos, que les «frères arabes» ont une conception bien particulière de l’économie des services. Concernant le tourisme, il faut savoir, par exemple, que des fatwas prononcées en Arabie Saoudite permettent à leurs citoyens le «zawaj el-misyar», c’est-à-dire le «mariage en marche».
Pour ceux qui ne seraient pas au courant, je m’explique. Certains citoyens relativement fortunés profitent de leurs vacances dans nos pays non pétroliers pour convoler en noces avec une jeune épouse. Le père de la pauvrette accepte en retour une petite dot pour lui permettre de surmonter pendant quelque temps son indigence. Une fois les vacances et les noces de miel passées, l’époux divorce et retourne chez lui sans se soucier s’il a ou non laissé une femme enceinte derrière lui.
Une autre possibilité est que l’époux achète un domicile dans son pays de vacances. Il y garde sa jeune épouse qui attendra peut-être un an, sa prochaine visite.
Touristes arabes à Genève
L’Égypte est un pays de prédilection pour les mariages de ce genre. Mais le Maroc est aussi en marche et de nombreux cas, surtout d’abus révoltants, ont été signalés. Je ne suis pas au courant de la situation en Tunisie mais je ne serais pas étonné si j’apprenais des choses.
Les anciens dirigeants qui, sortis du caniveau, se sont propulsés au sommet de l’Etat ont voulu développer le secteur du tourisme et ont par exemple porté Sama Dubaï au ciel. Avec le changement, il faudrait maintenant revoir tous les mirages qu’on nous a servis.