Au «Top 100 des banques africaines», la Bna se classe 1ère banque tunisienne, selon les fonds propres (51e en Afrique), alors que la Biat s’impose comme la 1ère banque privée tunisienne (60e africaine) et 1ère en termes de bénéfice.
Par Imed Bahri
Selon le «Top 100 banques africaines», réalisé chaque année par le magazine ‘‘African Business’’ publié à Londres et à Paris (n°19, décembre 2011), et établi selon les résultats au 31 décembre 2010, la 1ère banque tunisienne figurant au classement, selon les fonds propres, est, sans surprise, un établissement public : la Banque nationale agricole (Bna), avec 380 millions de dollars US (M$).
BIAT Guichets
Deux autres banques publiques se positionnent, sans surprise également, aux 2e et 3e rangs, soit, successivement, la Société tunisienne de banque (Stb, 380 M$) et la Banque de l’Habitat (58e, 343 M$).
La Biat caracole en tête des banques privées
Quant à la 1ère banque privée tunisienne au «Top 100 banques africaines», elle est, et toujours sans surprise, la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat, 329 M$).
Cependant, dans le classement des bénéfices, c’est la Biat qui dame le pion à ses aînées publiques, arrivant en tête en Tunisie avec 50 M$, devant la Bna (35 M$), la Stb (31 M$) et la BH (42M$).
Les autres banques figurant au classement sont la Banque de Tunisie (66e, 282M$ de fonds propres et 45M$ de bénéfices), l’Amen Bank (67e, 258 M$, 48 M$) et l’Arab Tunisian Bank (69e, 236M$, 35M$).
«Dans le Top 100 des banques d’Afrique francophone», réalisé par le même magazine spécialisé, les banques tunisiennes se classent, en termes d’actifs, 15ème (Stb, 4.798 M$), 17ème (Biat, 4.604 M$), 18ème (Bna, 4.460 M$), 19ème (BH, 3.605), 20ème (Amen Bank, 3.394 M$), 24ème (Atb, 2.834 M$), 25ème (Banque Attijari, 2.729 M$), 28ème (Banque de Tunisie, 2.218M$), 30ème (Union internationale des banques, 2.005),31ème (Union bancaire du commerce et de l’industrie, 1.560M$), 58ème (Banque Tuniso-Koweïtienne, 661M$), 77ème (Banque Tunisienne de Solidarité, 448 M$), 84ème (Citibank Onshore, 404 M$), 85ème (Banque Tuniso-Emiratie, 400 M$) et, fermant le classement, à la 100ème place (Banque Franco-Tunisienne, 314M$).
BIAT Guichets
A la traîne en Afrique et au Maghreb
Dans le «Top 100 banques africaines», les quatre premiers établissements bancaires sont, comme on devait s’y attendre, sud-africains : Standard Bank Group (1er), Absa (2e), FirstRand Banking Holdings (3e) et NedBank Groupe (4e).
La première banque d’Afrique du Nord arrive à la 5ème place africaine. Il s’agit de la marocaine Attijari Wafabank avec des fonds propres 7 fois plus importants que la 1ère banque tunisienne, la Bna en l’occurrence.
Par ailleurs, 21 banques nord-africaines précèdent leurs «sœurs» tunisiennes dans ce classement : 9 égyptiennes, 5 marocaines, 5 algériennes et 2 libyennes.
L’émiettement du secteur bancaire national, la petite taille relative des banques et l’absence de champion national dans ce domaine valent aux établissements bancaires tunisiens ce classement peu honorable dans la seconde partie du tableau.
Biat Agence Marina Hammamet
Evoquant la situation et les perspectives des banques nord-africaines, ‘‘African Business’’ estime qu’«il sera intéressant de voir quel impact les changements politiques vont avoir sur les classements dans les prochaines années».
Tout en soulignant que «les investisseurs désertent l’incertitude et l’activité économique à travers la Tunisie, l’Egypte et la Libye en particulier», le magazine ajoute, sur une notre moins mitigée : «Si des gouvernements plus démocratiques et économiquement libéraux prennent le relais au Caire, à Tunis et à Tripoli, l’activité économique devrait repartir de plus belle à moyen terme. Une grande partie des mécontentements provenait de la corruption, du manque d’opportunité et de la concentration du pouvoir économique entre les mains de l’élite gouvernante. Si une grande transparence et de meilleures opportunités de développement économique deviennent la norme, cela pourrait encourager les investisseurs à la fois nord-africains et étrangers à revenir, avec pour conséquence immédiate la relance de l’activité économique et financière».
Des manœuvres en attendant la reprise
Sans préjuger de l’avenir immédiat, on peut estimer que, pour le cas de la Tunisie, l’année 2012 n’enregistrera pas une forte reprise des activités bancaires. Les banques, qui chercheraient plutôt à préserver l’essentiel de leurs portefeuilles et de leurs activités, auront du mal à penser aux réformes structurelles qui leur sont demandées depuis plusieurs années et qu’elles ne parviennent pas à mettre en route.
Les banques tunisiennes, qui sont handicapées sur le plan international par leur petite taille, auront plus de mal encore à mettre en route les projets de rapprochement et de fusion, dont certains étaient pourtant programmés avant la révolution, notamment entre les 3 plus grandes banques publiques (Bna, Stb et BH). Peut-être chercheraient-elles à avancer dans leurs programmes d’assainissement pour se remettre en meilleure position, au moment de la reprise économique, pour se redéployer sur les plans intérieur et extérieur.
Il va sans dire que les banques tunisiennes ne sauraient se contenter du marché local, très exigu. Si elles ambitionnent de prendre des tailles critiques, du moins sur le plan régional, à l’instar de la marocaine Attijariwafa Bank, elles n’ont d’autres choix que de sortir à l’international, et notamment en Afrique francophone où elles ont peut-être encore des places à prendre.