L’hypermarché Géant a allumé, jeudi, ses tubes en néon, mis des couleurs sur sa façade et accueilli ses premiers clients de l’année, venus très nombreux pour faire leurs courses à des prix... fous.
Par Zohra Abid
A part les affiches urbaines et le tapage publicitaire sur les médias, la nouvelle a aussi circulé de bouche à oreille. Après près d’un an, les clients de Géant sont revenus tout sourire. Et ce pour plusieurs raisons.
De un, parce que l’incendie qui a ravagé murs et marchandises au lendemain de la révolution a ulcéré tout le monde. De deux, l’hypermarché emploie plus de 1.500 personnes sans compter les centaines de fournisseurs et autres emplois indirects. Et de trois, l’hypermarché a toujours offert aux ménagères des articles pour toutes les bourses.
Balade entre les rayons
9 heures du matin, les clients étaient déjà là. Parking plein à craquer de voitures. Femmes, hommes et enfants poussent des caddies et espèrent le remplir au moindre prix.
On se bouscule dans l’allée principale. Ça sent encore la peinture toute fraîche. Pour amuser la foule et faire un peu d’animation, un saltimbanque déambule et fait son... clown... ne ratant ni petits ni grands.
A l’entrée, des demoiselles, belles comme le jour, accueillent les client(e)s avec un dépliant coloré, estampillé par le logo Tunis City (avec, en moins gras, «A vous le shopping»). Le dépliant donne un aperçu sur toute la galerie marchande avec un plan à l’appui.
Tunis city, qui se trouve sur l’autoroute de Tunis Bizerte, s’étend sur une superficie de 12.000 m². A l’extérieur, un atelier mécanique au niveau du parking ainsi qu’une aire de jeux pour les tout petits.
A l’intérieur, l’espace est doté de plus de 60 boutiques, du prêt-à-porter pour homme, femme et enfant, aux accessoires et bijoux en passant par le sport, la lingerie, la décoration, la téléphonie... L’espace Food Court de restauration rapide est composé de 8 fast-foods d’une capacité de 600 places. Une pharmacie, une banque, la municipalité rapide...
Des idées et des caddies
Ceux qui ont connu Géant avant son incendie ont été surpris par le nouveau design, l’agencement des rayons et la disposition des articles. Mais la surprise du premier jour, c’est le prix. Vraiment de petits prix.
La réouverture s’est faite au milieu de la semaine, qui plus est le 12 du mois, pas une bonne aubaine pour le redémarrage, disent certains. Mais à voir la qualité/prix des articles, impossible de ne pas craquer et de ne pas sauter sur un tas de produits. «Hé, tu dois te retenir un peu. Là, ça commence à chiffrer», murmure un papa à sa fille.
Deux fiancés se pavanent à leur aise entre les rayons. Sur un petit papier, ils prennent note et font leur addition. Ils marient les couleurs de leur literie, le linge de la future maison de leur rêve. Ils caressent encore de leur regard les services à thé, à café... «Maman, combien coûte la cocotte de la marque... au centre-ville. Bon d’accord, ça y est, c’est noté», discute au téléphone la jeune fiancée. Son futur mari est déjà dans le rayon d’à côté. Lui discute avec le chef de rayon sur les marques des cuisinières, hottes, réfrigérateurs. L’homme l’oriente aussitôt vers ses collègues pour lui expliquer toutes les possibilités de crédit.
Pour la baraka, un troupeau de moutons
Pas loin, des ados ont investi l’aile de Loisirs numériques, d’autres dans Image et Son, et d’autres dans la librairie, bien garnie. D’autres clients sont allés pour faire leurs autres courses dans les rayons de beauté, de bagages, de linges... ou accessoires. Et d’autres encore font leurs courses habituelles au coin des fruits et légumes, poissons, viandes, volailles, celui des fromagers, pâtisseries ou celui du traiteur...
A la caisse, les caddies sont pleins avec des montagnes d’articles. Rares ceux qui ne se sont pas encore bien servis des rabais de la réouverture.
«Enfin ! On allait perdre espoir. Dieu merci qu’on ait repris le travail. Aujourd’hui, c’est le grand retour et ça me rappelle le jour de la rentrée scolaire alors que j’étais à l’école», raconte une caissière. Et d’ajouter que la réception du samedi était magnifique. «Au seuil de chaque entrée, on a égorgé un mouton et fait couler du sang, pour la baraka. Au total, il y a eu 8 moutons. Nous avons préparé un couscous pour le personnel. Les clients qui étaient sur place ont tous goûté de ce couscous. Nous avons préparé aussi un banquet de salés sucrés et servi des sodas à flots. C’était vraiment la fête en présence de notre patron, le propriétaire Mohamed Ali Mabrouk, qui a fait un défi pour qu’on rouvre avant le 14 janvier et casqué plus de 30 millions de dinars pour retaper tout».
Dehors, les clients font le sourire aux employés et autres de la sécurité et leur lancent mille mabrouk (sans jeu de mots) et félicitations.
Le saltimbanque tourne en rond et continue à faire encore... ses petits numéros, au petit bonheur des visiteurs.