Tunisair cherche à se débarrasser de l’Airbus A340 commandé en 2009 par Ben Ali et que la société Sabena Technics (ex-Sogerma) a presque fini de réaménager en avion présidentiel dans ses ateliers de Bordeaux.
Par Imed Bahri
Sabena Technics est la même société qui a aménagé l’A330 d’Air Caraïbes en avion présidentiel pour Nicolas Sarkozy.
Un joujou très gourmand en kérosène
Selon nos confrères de ‘‘Sud Ouest’’ et ‘‘Air-Journal’’, Tunisair aurait mis aux enchères cet avion présidentiel décoré par Louis Vuitton, avec chambre et salons, capable de parcourir 16.600 km (presque la moitié du tour de la terre) ou de voler 19 heures sans escale.
La compagnie aérienne nationale n’a que faire de ce quadriréacteur, très gourmand en kérosène, ce qui explique la désaffection dont il est l’objet. Dans sa version commerciale, l’A340 peut accueillir plus de 300 passagers, mais l’aménagement spécial Vip n’était conçu que pour 2, plus le petit personnel. Selon certaines sources, Ben Ali lui-même aurait fait un voyage à son bord, pour le tester, avant les opérations de réaménagement.
L'airbus A 340 de l'ex-dictateur attend preneur chez Sabena Technics, Photo Laurent Theille
Tunisair, qui a acheté et fait réaménager l’A340, à la demande de l’ex-président et de sa femme (pour une somme estimée à 250 voire 300 millions d’euros, soit environ 500 à 600 millions de dinars), cherche un repreneur. Les repreneurs potentiels qui s’étaient déjà présentés (chefs d’Etats africains, hommes d’affaires russes ou encore émirs du Golfe) ne semblent pas avoir proposé le prix attendu, puisque l’avion est toujours mis en vente aux enchères. La crise qui sévit actuellement dans le monde n’a pas beaucoup aidé à faciliter cette vente.
Qui va «payer la facture» ?
En attendant donc un hypothétique amateur d’avions de luxe, l’appareil bling-bling stationne sur le parking de Sabena Technics, à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac (sud-ouest de la France), où il s’est posé à l’automne 2010, peu de temps avant le déclenchement de la révolution tunisienne.
Après la fuite de Ben Ali, les syndicats de Sabena Technics avaient adressé une lettre à leur direction dans laquelle ils s’inquiétaient de savoir si, «en raison des événements» en Tunisie, les salariés devaient «continuer à travailler sur cet A340» et se demandaient qui allait «payer la facture». Aussi est-il permis de se demander combien coûte à Tunisair le stationnement de l’avion et sa maintenance ? Le montant que la compagnie espère tirer de la vente va-t-il couvrir les frais que ce joujou lui a coûté jusque là ? Il faudrait pour cela un très gros chèque…