L’homme d’affaires britannique Kevin Sara, patron de Nur Energy, qui développe des projets solaires dans la région méditerranéenne, a lancé, en Tunisie, un méga projet de centrale solaire thermique (Csp) de 2 gigawatts dans la région du sud et de câble transméditerranéen entre la Tunisie et l’Italie pour transporter l’énergie électrique ainsi produite en Europe.


 


«La Tunisie est l’un des pays les plus ouverts aux affaires en Afrique du Nord et a d’excellentes ressources solaires, tandis que l’Italie a une longue expérience d’importation d’électricité, également par câble sous-marin», lit-on dans la présentation des projets de l’entreprise britannique en Tunisie sur son site web.  
Nur Energie, qui participe déjà au développement d’un projet de concentration d’énergie solaire (Ces) en Grèce ainsi que le plus grand projet de bâtiment avec photovoltaïque intégrée (BiPV) de 11,5 mégawatts sur les toits du port de  Marseille, en France, a également rejoint l’Initiative industrielle Desertec en tant que partenaire associé.

L’énergie du futur
kevin sara«La stratégie de Nur Energie est de construire des partenariats locaux sur les marchés sur lesquels nous opérons. L’Union européenne (Ue) deviendra un marché d’exportation d’énergie renouvelable important dans l’avenir et l’initiative industrielle Desertec sera un partenaire clé en créant les conditions cadres des projets d’exportation d’énergie renouvelable d’Afrique du Nord vers l’Ue», explique M. Sara, cité par ‘‘Enerzine.com’’.
«Nous analysons depuis 2 ans l’opportunité commerciale des projets d’exportation d’énergie solaire depuis l’Afrique du Nord vers l’Europe et nous sommes convaincus qu’ils constituent une option d’énergie future plus écologique, commercialement viable, qui dépend moins des combustibles fossiles volatiles et crée également des opportunités d’emploi et de développement économique dans toute la région du Maghreb», ajoute le Dr. Till Stenzel, directeur d’exploitation de Nur Energie.
L’objectif de la société britannique, dans le cadre de l’Initiative industrielle Desertec, est de développer le premier projet d’exportation d’énergie solaire depuis l’Afrique du Nord vers l’Europe incluant un câble de courant continu à haute tension (Ccht) traversant la Méditerranée.

Stabilité politique et ouverture économique
Dans un entretien accordé récemment au site web de l’ambassade du Royaume-Uni en Tunisie, le PDG de Nur Energie revient sur les raisons qui l’ont amené à s’intéresser à l’Afrique du Nord et particulièrement à la Tunisie pour y monter un projet de centrale solaire thermique.
La jeune société a entrepris, ces dernières années, une étude des pays de l’Afrique du Nord en se focalisant sur l’évaluation de la stabilité politique et l’ouverture économique. Son intérêt pour cette région s’explique aussi par sa proximité géographique des marchés européens comme celui de l’Italie.
Tout au long de sa carrière, M. Sara s’est occupé de start-ups et d’entrepreneurs. Après sa maîtrise de gestion de l’Ecole nationales des ponts et chaussées, il a cofondé European Telecom and Media Investment banking chez Salomon Brothers, conseillant les gouvernements sur la privatisation, les entrepreneurs sur la manière de s’engager dans les marchés dérégulés ainsi que sur le déploiement des technologies émergentes telles que la téléphonie mobile et Internet. Par la suite, chez Nomura International, M. Sara a fondé un groupe d’investissement en capitaux du secteur technologique et investi dans 35 entreprises de technologies émergentes en Europe et aux Etats-Unis. Plus récemment, pendant qu’il préparait son doctorat sur les politiques de l’énergie à l’Imperial College à Londres, il a cofondé Hazel Capital, une entreprise de gestion d’investissement dans les technologies des énergies renouvelables du secteur privé.
C’est donc au sein de Hazel Capital que Nur Energy a été créée. Son capital est  détenu par M. Sara et d’autres actionnaires privés, dont la Deutsche Bank. L’entreprise ambitionne de développer de larges centrales d’énergie solaire dans le désert du Sahara afin de produire de l’électricité avec une très faible empreinte carbone.
«Il faut comprendre que l’énergie solaire concentrée c’est vraiment et d’abord des financements et des structures financières», explique M. Sara. Il ajoute: «Avec l’énergie solaire concentrée, votre investissement est beaucoup plus étendu dans le temps qu’avec de l’énergie primaire fossile. Et puis, ce carburant est toujours gratuit pour les centrales d’énergie solaire concentrée.»
Pourquoi Nur Energy a-t-elle choisi de s’installer en Tunisie avant tout autre pays dans la région? Réponse de M. Sara: «D’après nos critères de sélection, la Tunisie répond à nos besoins de stabilité politique et économique et à l’accès au marché». Il ajoute: «La Tunisie fait partie de ces formidables histoires que l’on raconte le moins dans le développement de l’Afrique du Nord, et elle offre une myriade d’opportunités aux sociétés britanniques.»

Rehausser les relations tuniso-britanniques
M. Sara est, depuis le 21 juin, le deuxième vice-président de la Chambre de commerce tuniso-britannique (Cctb). Il y siège aux côtés de MM. Hassine Doghri (assurances Cartes, président), Mohamed Sakher El Materi (Princesse Holding, 1er vice-président), Naoufel Aissa (Shell Tunisie, secrétaire général), Wided Bouchammaoui (Groupe Bouchammaoui, trésorière), Hélène Msaddek, Noureddine Hajji, Ali Hjaiej, Mehdi Ben Abdallah (British Gas), Khaled Ben Jemaa (Tunisie Lait), Manel Ben Achour et Samira Zouari en tant que membres.
Analysant la coopération bilatérale entre le Royaume-Uni et la Tunisie dans le domaine de l’énergie, M. Sara a déclaré: «Nous sommes ravis de suivre les pas d’autres grandes sociétés britanniques qui ont largement contribué au développement du secteur de l’énergie en Tunisie. Nous avons pour ambition d’essayer de faire aussi bien.»
A cet égard, le protocole d’entente dans le secteur de l’énergie signé entre les deux pays en 2004 va consolider les relations déjà très denses dans ce domaine.

Imed Bahri