Le gouvernement tunisien, à travers son ministère de l’environnement, s’apprête à mettre en œuvre une refonte totale des politiques environnementales visant ainsi l’émergence d’une croissance économique, dite «verte».

Par Maher Gordah


Le constat selon lequel le changement climatique aura des répercussions conséquentes sur la planète a subitement remis en question la vision optimiste d’un progrès continu et la pertinence d’un modèle productiviste. Ce nouveau modèle insiste sur le fait que les ressources actuelles ne peuvent pas répondre à une demande de la population mondiale, qui aura des exigences en matière de consommation similaire à celles des pays riches et développés.

La question de la sécurité alimentaire est au cœur de ces questions. Les conséquences du changement climatique, la raréfaction et la dégradation des ressources en terres et en eau, les menaces concernant l’approvisionnement mondial, le risque d’aggravation de la pauvreté globale ont fait de cette problématique une question centrale de la stabilité alimentaire mondiale sociale et politique.

Convergence des crises environnementale et économique

Mais en contrepoint de la vision alarmiste de l’avenir, une observation clé semble évidente : la convergence de la crise environnementale et de la crise économique crée, paradoxalement, des opportunités sans précédent sur le plan économique, technologique, social et politique trop longtemps différées, afin d’enclencher le processus de l’économie positive, c’est-à-dire une économie qui génère une croissance, qui restaure à son tour le capital écologique.

Pour assurer la compatibilité de la croissance économique et de développement avec la stabilisation du climat, un changement radical s’est dégagé en faveur d’une économie respectueuse de l’environnement. L’économie verte dans le contexte de développement et l’éradication durable de la pauvreté est aussi le nouveau cadre institutionnel pour le développement durable, une des deux questions spécifiques qui sera examinée par la Conférence des Nations Unies pour le développement durable, connue sous le nom ‘‘Rio+20’’ ou Sommet de la Terre, qui se tiendra à Rio de Janeiro du 20 au 22 juin prochain.

C’est dans ce cadre général de réflexion que les autorités tunisiennes procéderont à l’étude de l’impact des activités économiques «vertes». Une telle étude permettra de déterminer les politiques économiques et financières et d’identifier les opportunités d’investissement dans le domaine de l’environnement.

Pour le gouvernement tunisien, cette nouvelle approche économique est, en effet, une forme d’investissement dans les technologies innovantes pour réduire la pollution et pour une meilleure utilisation des ressources naturelles, pouvant avoir potentiellement des retombées économiques pour la communauté tout en maintenant voire même en augmentant la croissance économique, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté.

Conditions de réussite des initiatives dans l’économie verte

Ainsi, les pouvoirs publics parient sur les objectifs suivants à savoir :

- l’amélioration de la performance environnementale («éco-efficacité») et de l’efficacité des ressources des entreprises économiques existantes («l’écologisation»), à condition qu’elle se produise sans réduction de leur performance économique et financière et aucune incidence sur l’emploi ;

- le développement des activités industrielles et de services dédiés au traitement de la pollution, le recyclage et la valorisation des déchets, la production d’énergie propre et de la restauration et la protection des milieux naturels, etc.

Par ailleurs, il semblerait que les autorités cherchent à inciter les secteurs qui offrent la plus grande contribution potentielle à la construction d’une économie verte à travers les technologies propres, les sources d’énergie renouvelables, les services liés à l’eau, les transports, le tourisme, la gestion des déchets, la nouvelle construction écologique, l’agriculture et la foresterie durable.

Cependant, il n’en demeure pas moins que les conditions de réussite des initiatives dans l’économie verte, à l’instar des pays comme l’Allemagne et les Etats-Unis, en particulier la Californie, exigent en général, des programmes spécifiques tels que les capacités technologiques spécifiques (adaptation des processus, la recherche appliquée, la formation d’une main-d’œuvre technique et qualifiée, etc.), institutionnels, législatif, économique et financière.

Jusqu’au jour d’aujourd’hui, il n’est nulle part mentionné la mise en œuvre de telles initiatives pour pouvoir converger vers le sentier de la croissance verte.