L’entreprise pétrolière semble avoir tiré son épingle du jeu, en préservant sa notation et en maitrisant ses dettes, malgré les interruptions de l’activité de production à cause des grèves et sit-in qu’a connus la Tunisie en 2011.

Par Aya Chedi


 

L’agence de notation Ficth a confirmé la note de l’Entreprise tunisienne des activités pétrolières (Etap), qui est de AA+ avec perspective stable. Cette notation est avec une perspective nationale à long terme stable. A cause de la perspective nationale à court terme, la notation prend un ‘F1+’.  L’Etap dispose d’un statut spécial, à savoir celui d’une entité publique orientée vers les affaires.

La perspective stable, s’explique essentiellement, selon Fitch par les liens existants entre l’Etap et l’Etat tunisien, qui devront demeurer forts dans l’avenir proche. L’Etat n’a cessé d’apporter son soutien à l’entreprise, et notamment à son programme d’augmentation de capital par l’injection de fonds. Toute dégradation de la note souveraine de la Tunisie, note encore Fitch, pourrait en résulter un abaissement des liens entre l’Etat et son entité et justifierait ainsi toute dégradation de la note de l’Etap.

L’agence souligne aussi qu’elle «surveillera les développements de la relation, et opérerait tout changement nécessaire à la note de l’Etap». L’entreprise pétrolière tunisienne bénéficie d’un statut spécial et d’une position privilégiée sur le marché, puisqu’elle participe dans les concessions de pétrole et de gaz à travers le pays sans être obligée de supporter les pertes ou les risques qui incombent aux opérations d’exploration. Elle joue un rôle stratégique en assurant les besoins de la Tunisie en matière de gaz et de pétrole. Le gouvernement tunisien détient l’ensemble des actions de la compagnie dont le conseil d’administration est composé d’un nombre de ministres et de membres du conseil de la Banque centrale de Tunisie (Bct).

«Prenant en considération les liens opérationnels et stratégiques à la note souveraine, Fitch a appliqué une méthode de couplage de notes (avec la note souveraine de la Tunisie)», précise aussi l’agence de notation.     

Niveau de dette maitrisé

Cette préservation de la note de l’Etap intervient alors que le profil des affaires de l’Etap demeure dépendant des prix des marchandises, et que la compagnie est toujours exposée aux agitations que connait le secteur de l’exploration et de production en upstream.

Les opérations de la compagnie sont limitées à la Tunisie, ce qui explique sa maigre taille et le manque de diversification de ses activités, comparée à ses homologues à l’échelle internationale. Ceci n’empêche que la compagnie a réalisé, note encore Fitch, une croissance au niveau de ses revenus ainsi qu’à celui de son indicateur Ebitdar* (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, Amortization and Rent), résultant de la montée des prix du pétrole brut et du gaz naturel. Ceci malgré de nombreuses interruptions de l’activité de production à cause des évènements que ne cesse de connaître la Tunisie (grèves et sit-in).

Ceci étant, le cash-flow de l’Etap devra connaître une baisse pour se situer à 796 millions de dinars (MD) en 2011, contre 1.024 MD réalisés en 2010.

Il faudrait enfin souligner que la compagnie pétrolière nationale n’est pas sortie sur les marchés internationaux en 2011, ce qui a permis de réduire ses dettes à 750 MD, contre 993 MD un an plus tôt.

* Ebitdar : ce ratio reprend le même calcul que l’Ebitda, mais prend en compte le mode de détention de certains actifs. En effet, certaines entreprises privilégient la location à la pleine propriété. L’Ebitdar permet ainsi les comparaisons. Car la location augmente les charges externes, alors que la détention en pleine propriété se traduit par une augmentation des amortissements. Il peut être aussi intéressant pour une entreprise de céder ses actifs, et en les relouant immédiatement pour dégager des liquidités.