Débat prématuré, déphasé ou déjà dépassé: l’introduction en bourse des entreprises tunisiennes est-elle une solution idéale pour le financement des entreprises ou un faux remède, qui pose plus de problèmes qu’il n’en résout.

Par Souhir Lahiani


Les dirigeants de la Bourse de Tunis ont rencontré au siège de la bourse, lundi 23 avril, une délégation de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), conduite par la présidente de la Centrale patronale, Wided Bouchamaoui.

En présence des acteurs du marché et des intermédiaires de la bourse, cette rencontre visait à débattre de la problématique du financement des entreprises par le marché financier et présenter les avantages et étapes de l’introduction à la Bourse des valeurs mobilière de Tunisienne (Bvmt).

Améliorer l’accès des entreprises au financement du marché

Fadhel Abdelkéfi, président de la Bourse de Tunis a présenté un état des lieux: «La bourse tunisienne est très avancée dans les systèmes d’exploitation, les cadres réglementaire, institutionnel et technique, ainsi que les assouplissements introduits pour améliorer l’accès des entreprises, indépendamment de leur taille, aux financements du marché». Le directeur général de Tunisie Valeurs, qui est un grand expert financier, a ajouté: «En 2012, les chiffres de la Bource sont extrêmement décevants. Les industries agroalimentaires, les télécoms et plusieurs sociétés publiques ne sont pas encore cotées. La bourse multiplie les efforts pour assurer de nouvelles introductions dans tous les secteurs du marché». Et de citer les rencontres qu’il a eues avec les partis politiques et la «troïka», la coalition tripartite au gouvernement.

Mohamed Bichiou, Wided Bouchamaoui et Fadhel Abdelkefi.

Pour sa part, Mohamed Bichiou, directeur général de la bourse, a annoncé que l’institution va entamer une tournée dans toutes les régions pour faire mieux faire connaitre son rôle dans l’économie du pays, le coût de l’introduction en bourse, ses modalités, les avantages que les entreprises peuvent en attendre...

Les patrons entre enthousiasme et scepticisme

Mohamed Hachicha a affirmé, pour sa part, les sociétés se valorisent lorsqu’elles entrent en bourse. Quant à Mourad Ben Chaâbane, il a estimé que la bourse est un «moyen pour assurer la pérennité de l’entreprise».

Mohamed Frikha, fondateur et Pdg de Telnet, était au rendez-vous pour témoigner de l’expérience réussie d’introduction à la bourse de Tunis de son entreprise. M. Frikha est éloquent: «Nous sommes agréablement surpris par la qualité du travail au sein de la bourse. Cela nous permet de travailler dans un climat de sérénité. Grâce à la bourse, j’ai pu lancer le projet Syphax Airlines. Je suis convaincu qu’en pleine crise, la solution est d’investir».

Le représentant du Groupe Slama a souligné, de son côté, l’hésitation de son groupe à s’introduire en bourse et le doute qu’il a encore sur les bienfaits de cette institution de financement. A l’appui de son argument, il évoque la méfiance qu’aurait son partenaire étranger vis-à-vis de la bourse tunisienne.

Fadhel Abdelkefi et Mohamed Bichiou.

Réponse de Fadhel Abdelkafi: «Une société cotée représente un engagement de transparence. La société cotée est contrôlée par le marché, les journalistes, les conseillers... La bourse donne une valeur marchande à l’entreprise cotée».

A la fin de la rencontre, les dirigeants de la bourse et de l’Utica ont convenu de promouvoir l’investissement productif et créateur d’emplois dans tous les secteurs économiques et dans toutes les régions du pays, à travers une meilleure assistance et un accompagnement meilleur des dirigeants d’entreprises.

Wided Bouchamaoui.

La Bourse de Tunis compte 59 sociétés cotées. Deux demandes d’introduction sont en cours de finalisation. Sa capitalisation s’élève à 15,8 milliards de dinars soit 24% du Pib, chiffre qu’elle ambitionne de doubler. Il faut pour cela 8 à 10 nouvelles introductions par an au cours du prochain quinquennat. L’objectif, à long terme, est d’atteindre un taux de capitalisation de 60% du Pib et de réaliser 20% de contribution au financement de l’investissement privé.

A court et à moyen termes, la Bvmt s’attend, d’après ses responsables, à introduire des entreprises publiques ou confisquées opérant dans des secteurs non ou faiblement représentés tels que l’agroalimentaire, les télécoms, l’énergie et textile.

Articles liés :

Tunisie. Les investisseurs espèrent de nouvelles cotations à la Bourse

Tunisie. L’Atuge et la relance de la Bourse de Tunis

Tunisie. Telnet fait retentir la cloche à la bourse de Tunis