Méconnue par l’écrasante majorité des opérateurs économique, l’assurance-crédit occupe encore une place marginale dans le marché tunisien des assurances. Sa part dans les émissions globales reste en-deçà 1%.

Par Wahid Chedly


 

En 2010 le montant des primes émises en assurance-crédit en Tunisie s’élève à 10,109 millions de dinars (MD), ce qui représente une augmentation de 6,25% par rapport à 2009.

En dépit de cette croissance semblable à celle des autres branches, la part de l’assurance-crédit dans les émissions globales du secteur représente 0,9% en 2010.

Ces chiffres ont été présentés lors d’un séminaire d’information sur le thème: «l’assurance-crédit: appui au développement des entreprises», organisé mercredi à Tunis par la Compagnie tunisienne pour l’assurance du commerce extérieur (Cotunace) et sa filiale Assurcrédit, en collaboration avec la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (Ctfci) et la Fédération tunisienne des sociétés d’assurance (Ftusa).

Plusieurs facteurs culturels expliquent la place marginale de l’assurance-crédit dans le marché tunisien des assurances. La branche pâtit en premier lieu de l’absence d’une culture de prévoyance chez une écrasante majorité des opérateurs économiques. «La culture de prévoyance n’est pas encore bien ancrée dans les habitudes des dirigeants des entreprises tunisiennes», a  expliqué Kamel Chibani, délégué général de la Ftusa.

Selon lui, ce facteur culturel explique, d’ ailleurs, en grande partie, le faible taux de pénétration de l’assurance, tous types de contrats confondus, dans l’économie tunisienne. En 2010, ce taux s’est établi à 1,9%, contre une moyenne mondiale de 9%.

Procédures de souscription complexes …

D’autre part, le responsable de la Ftusa a pointé un doigt accusateur vers la poignée des compagnies d’assurances actives dans cette branche, dont la Cotunace et Assurcrédit, qui offrent toujours des procédures de suscription   complexes et utilisent un jargon très technique incompréhensible pour le commun des dirigeants des entreprises. «La complexité des procédures de souscription à un contrat d’assurance-crédit dissuadent généralement les entreprises», a-t-il indiqué.

Souheïla Chabchoub, Pdg de la Cotunace, a estimé, quant à elle, que la majorité des entreprises tunisiennes, qui réalisent des exportations régulières de biens ou de services payables à crédit, ne se soucient pas suffisamment  du risque d’insolvabilité de leurs clients. «L’assurance crédit à l’export n’est pas suffisamment connue par les opérateurs d’autant plus que les entreprises concentrent leur effort sur la prospection, la renforcement  de la compétitivité  et la conquête de nouveaux marchés dans un contexte de concurrence de plus en plus acharnée. Elles se soucient moins du risque de non paiement de leurs exportations vendues à crédit; lequel mode de paiement est devenu un élément de concurrence et de compétitivité», a-t-elle noté.

Mme Chabchoub a également fait savoir que la Cotunace dispose d’une base de données couvrant environ 17.000 entreprises étrangères. «Cette base de données nous permet de fournir des informations fiables et précises sur la situation financière des entreprises avec lesquelles, les entreprises tunisiennes pourraient faire des affaires», a-t-elle souligné.

Communiquer à grande échelle…

La Cotunace, qui avait procédé à une augmentation de son capital en 2009 pour le porter de 5 à 20 millions de dinars, compte aller au-delà des desideratas. «Nous envisageons le lancement des nouveaux produits durant deuxième trimestre de l’année en cours. Ces produits auront l’avantage d’être plus simples et plus adaptés aux besoins de tous les types des entreprises», a révélé Mme Chabchoub, indiquant que les récentes crises économiques qui ont entrainé une baisse de la moralité commerciale et une montée du risque de faillite ne peut qu’inciter les opérateurs tunisiens à se couvrir tout défaut de paiement.

De son côté, le directeur général d’Assurcrédit, Mourad Saïed, a déclaré que les mécanisme classique de protection contre le risque de défaut de paiement  comme le choix du bon moyen de règlement, l’hypothèque et la caution sont des procédures lourdes à mettre en place et inadaptées au commerce moderne. «Nos produits présentent, quant à eux, l’avantage d’accompagner l’entreprise, quelque soit sa taille et le secteur de son activité à développer ses affaires à l’abri des impayés grâce à une démarche en trois étapes: l’appréciation de la solvabilité des acheteurs, le recouvrement des créances impayées par tous les moyens et  l’indemnisation en cas de non paiement par l’acheteur», a-t-il affirmé.

Par ailleurs, le président de la Ctfct, Foued Lakhoua, a appelé les compagnies d’assurances à mettre la main à la poche pour mieux vulgariser l’assurance vie à travers des campagnes publicitaires mettant en avant les avantages du produit pour les souscripteurs potentiels. «Les ministères concernées, le Centre de promotion des exportations (Cepex) et surtout les compagnies d’assurance doivent communiquer à grande échelle sur les avantages de l’assurance-crédit», a-t-il suggéré.