«De quoi vous vous mêlez, pourquoi un médecin s’occupe-t-il de politique, après tout c’est l’Etat qui décide pour les citoyens…».
Voilà ce qu’a répondu Farhat Bahroun, représentant du ministère des Affaires étrangères, à Sami Remadi, président de l’Association tunisienne pour la transparence financière (Attf), le 29 juin dans les coulisses de Shems FM.
C’était lors de l’émission Studio Shems consacrée à la décision annoncée il y a une semaine par Abdallah Triki, secrétaire d’Etat chargé des Affaires arabes et africaines, concernant l’ouverture des frontières tunisiennes aux ressortissants maghrébins, exceptés les Libyens en attendant l’amélioration de la sécurité dans ce pays.
Cette décision consiste à permettre aux ressortissants maghrébins d’entrer en Tunisie sans visas ni passeports, effectuer des séjours de longue durée ou résider d’une manière permanente en Tunisie sans aucun document, accéder au marché de l’emploi sans autorisation préalable, et même participer aux élections municipales.
«Après l'émission, la discussion avec mon interlocuteur a continué dans le couloir, en présence des animateurs de Shems FM. C'était chaud», affirme M. Remadi. Et d’ajouter que le représentant du ministère des Affaires étrangères, perdant son self contrôle, lui a dit: «On va appliquer cette décision parce que les hommes d'affaires se plaignent du manque de main d’œuvre. Les Tunisiens ne veulent pas travailler à 17 dinars par jour».
L’émission étant trop courte, poursuit M. Remadi, sinon, il aurait fait perdre davantage son self contrôle sur antenne au représentant du ministère des Affaires étrangères qui défend, selon ses termes, une décision prise depuis le début des années 1963.
«Qu’est ce qui empêche de faire rentrer les étrangers avec leur passeport, et de les assujettir à un permis de séjour», a-t-il rétorqué. Et c’est là où M. Bahroun a répliqué : «De quoi vous vous mêlez, pourquoi un médecin s’occupe-t-il de politique. Après tout, c’est l’Etat qui décide pour les citoyens».
Morale de ce débat: «Pour ces gens, la société civile est de trop dans ce pays... ils souhaiteraient vraiment qu'on prenne le large», dit M. Remadi.
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