Le torchon brûle entre Nessma TV et Sigma Conseil. La chaine de télévision de Nabil Karoui accuse le bureau d’études de Hassen Zargouni de racket et de corruption. Règlements de vieux comptes et menaces de poursuites en justice.

Par Zohra Abid


 

Nessma TV a diffusé, mercredi soir, une émission consacrée aux instituts de sondage qui décident des audiences des chaînes de télévision et, donc, de leurs recettes publicitaires. Le patron de Sigma Conseil, Hassen Zargouni, en a pris pour son grade, accusé carrément de racket et de corruption, mais il ne compte pas, du moins pour le moment, porter plainte. C’est, du moins ce qu’il a déclaré à Kapitalis qui l’a interrogé à propos de cette émission.

De faux vrais sondages?

Avec des témoignages à l’appui, Nessma TV a ouvertement accusé Hassen Zargouni de réaliser de faux sondages, qui induisent en erreur l’opinion publique, dans la pure tradition des pratiques de l’ancien régime.

Et la chaîne, qui a diffusé son émission réquisitoire la veille de Ramadan, mois de grande consommation et de beaucoup de pub, d’ajouter que M. Zargouni avait toujours travaillé pour le compte de Cactus Prod (société de Sami Fehri, actuel patron d’Ettounissia TV et ex-associé de Belhassen Trabelsi, beau-frère mafieux de l’ex-président) avec des sondages qui n’ont rien à voir avec la réalité portant au pinacle les produits de la société qui verse ses recettes («des sommes dépassant l’imaginaire», notamment à Belhassen Trabelsi).

A l’appui de ses affirmations, la chaîne a fait appel à des témoignages de représentants de la société civile, notamment de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) et autres élus de la Constituante, qui ont souligné ce qu’ils considèrent comme «la partialité des résultats des sondages réalisés par M. Zargouni».

Nessma TV a souligné que M. Zargouni a continué son œuvre avec entrain après la révolution du 14 janvier 2011 en passant un deal avec le premier gouvernement de transition dirigé par Mohamed Ghannouchi et l’équipe des technocrates et d’Atugiens (membres de l’Association des Tunisiens des grandes écoles) qui l’entourait, sous la férule de Hakim El Karoui.

Selon les sondages réalisés à l’époque par M. Zargouni, plus de 60% des Tunisiens se disaient satisfaits de la politique de M. Ghannouchi. C’était, précise Nessma TV, au moment même où les manifestants campaient sous les fenêtres du Palais du Gouvernement, lors des mouvements populaires de Kasbah 1 et Kasbah 2 exigeant la chute du gouvernement.

Accusations graves, affaire à suivre…

«Zargouni avait un agenda politique et il n’y a aucun doute qu’il roulait pour des pays étrangers», s’acharne l’émission en montrant un camembert tiré d’un sondage réalisé par Sigma Conseil affirmant que près de 40% des Tunisiens estiment que la France a aidé la révolution tunisienne.

Sans entrer dans la polémique suscitée par cette émission, et loin de prendre la défense de M. Zargouni, on remarquera au passage que l’émission a été, dans la pure tradition du journalisme cher à Nessma TV, dans un seul sens! Tout est à la charge de M. Zargouni qui, à aucun moment, n’a été sollicité pour répondre aux attaques de ses détracteurs. Justification oiseuse avancée par les auteurs de l’émission: ils ont essayé de le joindre en vain. Car, affirment-ils, il était constamment absent. «Il n’est jamais à son bureau, où il ne vient pas souvent», disent-ils, en citant certains de ses anciens collaborateurs.

Après cette avalanche d’accusations, Kapitalis a contacté Hassen Zargouni pour entendre sa version des faits. «Je vais continuer à travailler honnêtement et correctement. Les gens avec qui je travaille me font confiance et continuent à collaborer avec moi. Quant à ces accusations gratuites, je n’ai qu’un seule réponse: parce que la réalité fait mal, Nessma TV refuse d’admettre ses taux d’audience, et ceci n’est pas mon problème. J’ai eu la même expérience auparavant avec Hannibal TV», a-t-il répondu.

Allez-vous porter plainte? «Je ne peux pas vous répondre comme ça à chaud. Pour le moment, je n’ai pas encore pris la décision et je ne crois pas que je vais le faire», a répondu le patron de Sigma Conseil. Mais vu la gravité des accusations, qui portent un grave préjudice à son image et à celle de son entreprise, il pourrait répondre un jour ou l’autre à sa manière. «Au moment opportun, peut-être (un petit temps de réflexion, Ndlr), je vous tiendrai informé», a-t-il conclu.

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