L’arrestation ce matin à l’aube à Menzel Temime du célèbre blogueur Soufiène Chourabi fait déjà les titres des médias étrangers. Que s’est-il réellement passé?


Selon le chargé de la communication du ministère de l’Intérieur Khaled Tarrouche, Soufiène Chourabi a été arrêté à la suite d’une dénonciation de vacanciers qui ont affirmé qu’il consommait de l’alcool sur la plage d’Al Mansoura près de Kelibia, où il campait avec deux amis, un garçon et une fille. Les 3 compagnons ont été conduits au poste de police de Menzel Temime à quelques dizaines de km de là. On aurait trouvé dans leurs affaires une bouteille d’alcool. Selon M. Tarrouche, M. Chourabi aurait avoué à la police avoir consommé de l’alcool.

Ce n’est pas exactement la version de l’avocate du prévenu, Leila Ben Debba qui a pu rencontrer M. Chourabi dimanche matin dans les locaux de la police. L’avocate a affirmé que son client a nié avoir consommé de l’alcool et que, de toutes façons, le fait qu’on ait trouvé une bouteille sur une personne ne signifie pas qu’il l’a consommée. Il faut que des analyses apportent la preuve indéniable.

«Soufiène Chourabi est connu pour ses qualités humaines et  son éthique personnelle. Il n’est pas homme à faire d’écarts de conduite», a dit Me Ben Debba sur les ondes d’Express FM. «De toute façon, c’est le juge qui l’entendra lundi matin au tribunal de Nabeul de décider de la véracité des accusations portées contre lui», a-t-elle expliqué.

L'avocate n'a pas voulu affirmer (ni infirmer) la thèse développée par certains amis de M. Chourabi, selon laquelle il aurait été arrêté parce qu'il était l'un des animateurs de l'appel à manifester contre le gouvernement, dimanche soir, sur l'avenue Habib Bourguiba. Thèse que M. Tarrouche a nié catégoriquement.

Cependant, et quoi qu'il en soit, cette arrestation et les motifs qui l’ont justifiée (atteinte à la moralité publique) suscitent une vive polémique sur les réseaux sociaux et parmi les défenseurs des droits de l’homme et de la liberté individuelle.

Certains commentateurs craignent, en effet, un étouffement des libertés provoqué par la montée de l’extrémisme religieux dans le pays. Les abus commis récemment par certains agents de police à l’encontre des femmes, dénoncés dans plusieurs témoignages, sont à verser au chapitre de cette mutation sociétale induite par la montée au pouvoir du parti islamiste Ennahdha.

I. B.