Le chef du bureau Al-Jazira à Tunis, Lotfi Hajji, a répliqué aujourd’hui, sur Mosaïque FM, aux allégations faites la veille par Chokri Belaïd, sur la même radio, à propos de la chaîne qatarie.
Le porte-parole du Parti des patriotes démocrates (Watad) avait déclaré que la chaîne Al-Jazira, dans sa couverture de la manifestation antigouvernementale de Sidi Bouzid, le 14 août, a épousé le position du Qatar, faisant ainsi allusion aux affinités entre l’émirat pétrolier et les dirigeants tunisiens actuels, issus du parti islamiste Ennahdha.
«Ces affirmations sont totalement fausses et confirment que M. Belaïd n’a pas vu le reportage d’Al Jazira sur les événements de Sidi Bouzid, car s’il l’a vu, il n’aurait pas tenu ces propos», a affirmé M. Hajji. Et d’ajouter: «Contrairement à ce que M. Belaïd a prétendu, Al-Jazira n’a pas couvert la manifestation organisée dans la même ville par les partisans d’Ennahdha. Au contraire, la chaîne a donné la parole, notamment, à Touhami Hani, secrétaire général de l’Ugtt à Sidi Bouzid, qui a parlé pendant plusieurs minutes pour exprimer le point de vue des manifestants antigouvernementaux».
Tout en remerciant le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), le Centre tunisien de la liberté de la presse (Ctlp) et les autres associations de défense de la liberté de la presse qui ont dénoncé l’agression des membres de l’équipe d’Al-Jazira par certains manifestants de Sidi Bouzid et le saccage de leur voiture, notre confrère Hajji, qui est par ailleurs membre du bureau directeur de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh), a déploré que M. Belaïd et d’autres hommes politique n’aient pas condamné cette agression.
Le porte-parole du Watad «cherche à enfoncer un coin entre Al-Jazira et les habitants de Sidi Bouzid, mais il ne parviendra pas à son but. Car les agresseurs de l’équipe d’Al-Jazira sont une vingtaine de personnes, non représentatifs de la population de cette ville. Celle-ci sait très bien qu’Al-Jazira a été parmi les rares médias à avoir parlé des manifestations à Sidi Bouzid dès leur déclenchement le 17 décembre 2010, lorsque les autres médias tunisiens évitaient d’en parler, et elle a poursuivi à couvrir l’actualité de Sidi Bouzid pendant et après la révolution», a aussi affirmé Lotfi Hajji.
«Il y a plusieurs parties politiques gens qui cherchent à imposer une orientation unilatérale de l’information. Et cela est inadmissible. Les hommes des médias doivent rester solidaires pour défendre leur indépendance, sinon on va être muselé l’un après l’autre», a prévenu le journaliste.
Interrogé sur les critiques adressées à Al-Jazira, notamment en ce qui concerne sa couverture orientée de l’actualité dans le monde arabe et notamment en Syrie, le journaliste tunisien a demandé aux détracteurs d’Al-Jazira de «ne pas se baser sur des attaques contre la chaîne orchestrées sur les réseaux sociaux, mais sur des enquêtes scientifiques et études de monitoring, qui analyse le traitement de l’information et l’équilibre entre les invités et leurs appartenances politiques et idéologique avant d’avancer des accusations infondées.»
Z. A.