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Le contradicteur de Souhayr Belhassen, mardi soir, dans l’émission C dans l’Air sur France 5, n’est autre que… le précepteur du propre fils du souverain qatari Hamad Ben Khalifa al Thani. Ce qui explique tout…

Par Imed Bahri


Mathieu Guidère, qui se présente comme islamologue, s’est illustré par ses interventions sur les plateaux de télévision pour «vendre» aux Français la transition démocratique en marche sous la férule des Frères musulmans en Egypte et de sa «filiale», le parti islamiste Ennahdha, en Tunisie.

Le contradicteur de service de Souhayr Belhassen

Mardi soir, dans l’émission C dans l’Air sur France 5, Mathieu Guidère a rejoué son rôle, désormais bien rodé, d’expert es-printemps arabe. Sa tâche (ou mission commandée) s’est réduite à répondre aux arguments de Souhayr Belhassen, la présidente tunisienne de la Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh), qui critiquait la dérive autoritaire du gouvernement actuel en Tunisie dominé par Ennahdha, sa complaisance vis-à-vis des groupes extrémistes religieux et ses assauts répétés contre les libertés individuelles et les droits des femmes.

Pour M. Guidère, la démocratie est en marche en Tunisie et les violences salafistes, bien que récurrentes, s’inscrivent dans le débat politique spécifique à une démocratie en devenir. Il n’y a donc pas de menace de théocratie, pas de velléité de dictature islamiste, pas de crainte pour les acquis modernistes du pays!

Il ne fallait pas tant pour que M. Guidère devienne un héros des islamistes d’Ennahdha, qui ont loué la maestria avec laquelle il a répondu aux arguments de Mme Belhassen : c’est un chercheur, occidental de surcroit et, français par-dessus le marché qui prend la défense d’Ennahdha. Cela méritait d’être relayé sur les réseaux sociaux et partagé par le plus grand nombre d’électeurs tunisiens potentiels.

Dans la nuit du mardi à mercredi, les internautes nahdhaouis (ou les cyber-activistes grassement payés par Ennahdha) n’ont donc pas chômé. Reste qu’une petite recherche suffit pour démasquer ce soi-disant «islamologue toulousain» spécialiste des mouvements islamistes. L’homme n’est pas si désintéressé et neutre qu'il en donnait l'air. Il se pourrait même qu'il soit en mission commandée.

Un pro-Ennahdha abreuvé aux sources qataries

Qui est donc Mathieu Guidère ?

C’est un universitaire et écrivain français, spécialiste de géopolitique et de veille stratégique concernant le monde arabe et musulman. Depuis 2011, il est professeur titulaire de la chaire d'islamologie et pensée arabe à l’Université de Toulouse 2. Agrégé d'arabe, traductologue et islamologue, il a écrit de nombreux ouvrages dont les plus récents sont ‘‘Le Choc des révolutions arabes’’ (Autrement, 2011) et ‘‘Les Nouveaux terroristes’’ (Autrement, 2010).

Oui, mais quoi encore?

Selon René Naba, célèbre journaliste franco-libanais, Mathieu Guidère est un universitaire franco-«tunisien». De son vrai nom Moez Kouider, il est le précepteur du propre fils du souverain qatari Hamad Ben Khalifa al Thani à l’Ecole Saint Cyr, l’académie française chargée de former les officiers de commandement. Or, on ne le sait que trop, l’émir du Qatar est celui-là même qui, selon René Naba, a réussi «le tour de force de retourner en sa faveur le cours de la révolution arabe», en intronisant «l’Egyptien Youssef Al Qaradawi en prédicateur électronique de la mouvance islamiste panarabe» et en maintenant «en couveuse, en réserve de la république, le Tunisien Rached Ghannouchi, les deux flotteurs des Frères musulmans en exil, qu’il fera réhabiliter par les chancelleries occidentales, en les plaçant en orbite dans la foulée du renversement du président Hosni Moubarak (Egypte) et de Zine El Abidine Ben Ali (Tunisie).»

Mathieu Guidère n’est donc pas un chercheur avec tout ce que cette fonction exige comme objectivité et comme neutralité. Il est (ou a été) payé par l’émir du Qatar, comme l’étaient jusqu’à une date récente certains membres du gouvernement tunisien actuel. La reconnaissance du ventre existe aussi chez ce type de chercheurs, experts es-propagande, ici islamiste.