Des médias proches d’Ennahdha annoncent à cor et à cri qu’il s’est enfui à la suite du mandat de dépôt émis contre lui vendredi soir : Samy Fehri, patron de Cactus Prod et Ettounissia TV a intenté une procédure pour casser cette décision.
L’avocate du directeur général de Cactus Prod et patron d’Ettounissia TV, Sonia Dahmani, a indiqué, à l’agence Tap, que le comité de défense a déposé, lundi, un pourvoi en cassation contre la décision émise par la chambre d’accusation de la Cour d’appel, en date du 24 août, portant émission d'un mandat de dépôt contre Samy Fehri.
Fehri n’a pas fui le pays
Me Dahmani a souligné que, contrairement aux informations véhiculées par certains médias, son client n’est pas en état de fuite et qu’il n’est pas officiellement informé de toute procédure judiciaire, ce qui laisse à entrevoir qu’il n’est pas dans l’obligation de se présenter aux autorités concernées.
L’arrestation n’est exécutoire qu’après notification de la décision de mandat de dépôt en vertu duquel Samy Fehri sera arrêté par les agents de sécurité et comparaîtra devant le procureur général près la cour d’appel qui ordonnera son emprisonnement, explique l’avocate. Le comité de défense se dit confiant quant à la capacité de la cour de cassation à statuer sur l’affaire et à veiller à la bonne application du droit, a-t-elle ajouté.
La chambre d'accusation de la Cour d’appel de Tunis a émis, vendredi soir, un mandat de dépôt contre Samy El Fehri, co-propriétaire de Cactus Prod avec Belhassan Trabelsi, beau-frère de l’ancien président Ben Ali, pour «détournement de fonds de l'Etablissement de la télévision tunisienne».
Certains professionnels du secteur ont vu, derrière l’accélération des procédures judiciaires à l’encontre de Samy Fehri, une sanction pour les libertés que sa chaînes a prises ces dernières semaines, notamment dans son émission des guignols de l’information ‘‘Allojik Assiyassi’’, crédité d’une forte audience mais très critiquée par les membres du gouvernement issus du parti islamiste Ennahdha.
Les journalistes craignent pour la liberté des médias
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) avait critiqué, samedi soir, dans un communiqué, ce qu’il a qualifié d’«intervention grave du gouvernement», considérant que «l’intervention du gouvernement et l’utilisation de la justice pour faire pression sur les médias et confisquer leur liberté, porte atteinte à la liberté d’expression et contrevient aux objectifs de la révolution».
Le communiqué a souligné «la nécessité de considérer la société Cactus, sous contrôle judiciaire, en tant qu’entreprise de service public, soumise au décret n°116 de l’année 2011», tout en appelant les journalistes de la société à ne pas se soumettre aux «pressions» et «à exercer leur profession en toute responsabilité pour une production médiatique nationale pertinente».
Le DG de Cactus avait déclaré, samedi, à l’agence Tap, qu’il est jugé pour la diffusion de cette, lancée le 16 mars 2012, et qui aurait, selon ses dires, «dérangé certains responsables du gouvernement». Il a affirmé aussi que «la liberté d'expression en Tunisie apparaît aujourd'hui comme étant une liberté fictive».
Lotfi Zitoun : «Fehri est un symbole de l’ancien régime»
De son côté, le conseiller du Chef du gouvernement, chargé des affaires politiques, Lotfi Zitoun, a nié, dans des déclarations aux médias, «avoir contacté quiconque à la chaîne Ettounissia, pour faire pression sur ses responsables, en vue d'arrêter la diffusion de ladite émission». Il a affirmé avoir «critiqué en tant que citoyen et membre du mouvement Ennahdha, la manière dont les symboles de l’Etat ont été ridiculisés».
Le conseiller a qualifié Fehri de «symbole de l’ancien régime, impliqué dans la corruption et qui doit rembourser des sommes considérables au trésor de l’Etat», avançant qu’il faut faire la différence entre «liberté d'expression et laisser libre cours aux agissements des malfaiteurs».
L’accusation adressée à Samy Fehri est basée sur des rapports d’experts-comptables. Elle consiste, essentiellement, en une affaire de corruption financière à travers des contrats publicitaires signés par la société Cactus prod et l’Etablissement de la télévision nationale, durant la dernière décennie. Des dépassements financiers contrevenant aux contrats signés ont été constatés au sujet des espaces publicitaires et des profits générés sans droits.
I. B. (avec Tap)