L’organisation Reporters sans frontières (Rsf) a dénoncé mercredi dans un communiqué la «mainmise» des autorités tunisiennes sur les médias publics.
L’Ong, qui s’est exprimé après une rencontre avec des responsables du gouvernement, a porté à la connaissance du secrétaire d’Etat chargé de l’information, Ridha Kazdaghli, et à des conseillers du Premier ministre Hamadi Jebali «son mécontentement et son incompréhension face à la poursuite des nominations arbitraires à la tête des médias publics».
«La représentante de l’organisation à Tunis a vigoureusement dénoncé la mainmise des autorités tunisiennes sur les médias publics et le manque de transparence dans le processus de nomination de ses responsables», poursuit Rsf, dont la représentante n'a pas pu rencontrer Lotfi Zitoun, conseiller politique du chef du gouvernement, qui gère en sous-main le dossier de l’information.
Le gouvernement, dominé par les islamistes d’Ennahdha, est vivement critiqué pour avoir nommé, sans consultation des rédactions et des organisations professionnelles, des nouvelles directions à la tête de télévisions, radios et journaux publics depuis le début de l’année.
Les autorités sont ainsi accusées de chercher à contrôler les lignes éditoriales de ces médias.
Le pouvoir affirme pour sa part vouloir assainir le secteur des responsables de presse qui travaillaient pour le régime de l’ex-président Ben Ali, à l’instar du cas Samy Fehri, patron de la chaîne Ettounissia TV qui doit être placé en détention provisoire dans une affaire de corruption.
Or la société civile note que les déboires judiciaires de ce dernier coïncident avec l’arrêt d’une émission de satire politique sur sa chaîne après des «pressions» du pouvoir, selon M. Fehri et le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt).
Par ailleurs, le gouvernement ne cesse de recourir aux journalistes qui s’étaient spécialisés dans la propagande de l’ancien régime pour les nommer à la tête des médias publics et semi-publics, après qu’ils aient tourné leur veste et fait allégeance au parti islamiste Ennahdha.
Si c’est cela que le gouvernement qualifie d’«assainissement», cela ressemble fort, au contraire, à la remise en place de l’ancien système de contrôle des médias.
I. B.