Selon une étude de l’Unesco, les médias en Tunisie se sont beaucoup diversifiés, mais le secteur souffre de l’absence d’un système d’autorégulation et de protection des journalistes.
L’Unesco publie aujourd’hui un rapport dressant la situation des médias en Tunisie depuis la révolution du 14 janvier 2011 et évaluant les changements opérés depuis près de deux ans dans le pays. L’étude sera présentée par Jānis Kārkliņš, sous-directeur de l’Unesco pour la communication et l’information, aujourd’hui, à l’Hôtel Africa, au centre-ville de Tunis.
Baptisé «Etude sur le développement des médias en Tunisie», ce document aborde à la fois le cadre juridique de la liberté d’expression, le degré de pluralisme des médias, les performances des médias en tant que plate-forme de débat démocratique ou encore les questions liées aux technologies de l’information et de la communication.
Cette étude est assortie d’un certain nombre de recommandations adressées au gouvernement, à la classe politique et aux partenaires nationaux pour réformer le secteur des médias.
L’absence d’un système d’autorégulation
L’étude de l’Unesco prend note des progrès qui ont été accomplis depuis la révolution avec l’autorisation de douze nouveaux services de radio et cinq télévisions. Elle prend note de l’augmentation de journaux indépendants – 228 titres ont été enregistrés fin 2011 –, tout en signalant les défis économiques auxquels ils sont confrontés.
L’étude encourage en particulier les réformes structurelles des radiodiffuseurs de service public pour assurer leur indépendance. Elle note également l’absence d’un système d’autorégulation pour le secteur des médias et de mécanismes de traitement des plaintes du public. La sécurité des journalistes constitue une préoccupation croissante face aux attaques contre les médias.
Le rapport souligne surtout l’importance d’adopter les garanties constitutionnelles du droit à la liberté d’expression, à l’accès à l’information et à la liberté des médias, conformément au droit international.
Le rapport attire l’attention sur le manque de transparence et d’indépendance dans la nomination des dirigeants des organisations de médias publics et sur l’absence d’un cadre de régulation indépendant pour le secteur de l’audiovisuel.
Les Indicateurs de développement des médias
L’étude sur le développement des médias en Tunisie, basée sur les Indicateurs de développement des médias (Idm) de l’Unesco, a pour objectif d’analyser la situation des médias en Tunisie et les progrès accomplis depuis la révolution de janvier 2011.
Déjà appliqués dans plus de dix pays, les Idm analysent aussi bien le cadre juridique et réglementaire que le cadre économique dans lequel opèrent les médias, leur potentiel démocratique, la formation et le renforcement des compétences, et l’infrastructure de l’information et de la communication. Bien que l’analyse se base sur les normes internationales et les bonnes pratiques, les recommandations sont adaptées en fonction des particularités du contexte national.
Coordonnée en 2012 par deux experts nationaux et un expert international, l’étude de l’Unesco a été menée selon une méthodologie participative et consultative en collaboration avec les principaux partenaires nationaux dans le domaine des médias.
Cette étude du secteur des médias s’inscrit dans le cadre d’une collaboration renforcée entre l’Unesco et la Tunisie pour appuyer la transformation de l’espace médiatique et, par là même, la transition démocratique en Tunisie. Cette collaboration s’est concrétisée en particulier par l’ouverture d’un Bureau de projet de l’Unesco en janvier 2012 et par l’organisation de la Conférence de la Journée mondiale de la liberté de la presse en Tunisie le 3 mai 2012.
Le projet d’étude du secteur des médias en Tunisie selon les Idm a bénéficié du soutien de la Belgique, dans le cadre d’un projet du Programme international pour le développement de la communication (Pidc) de l’Unesco.
I. B. (avec communiqué)
Pour consulter le rapport en ligne.
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