Contrairement aux allégations de son conseil d’administration, les comptes de Dar Assabah sont solides. Le groupe de presse n’est pas menacé de faillite. Il est même en pleine expansion.
C’est ce qu’ont affirmé, unanimes, des experts économiques, lors d’une conférence de presse, vendredi au siège de Dar Assabah, consacrée à la situation économique du groupe. Celle-ci a été qualifiée de catastrophique par Lotfi Touati, nouveau directeur général imposé par le gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahdha. Lors du dernier conseil d’administration, la mise en vente de Dar Assabah a même été évoquée et cette raison a été invoquée.
Les journalistes qui observent un sit-in, depuis le 29 août dernier, et qui ont fait grève le 11 septembre dernier, ne cessent de refuser la nomination d’un ancien commissaire de police à la tête du groupe Dar Assabah et de l’accueillir tous les jours avec des «Dégage!» et «Dehors la flicaille!».
Soutenus par des membres du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), du syndicat général de la culture et des médias affilié à l’Union générale tunisienne du travail(Ugtt), de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (Ltdh), de l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication (Inric, auto-dissoute), de l’Assemblée nationale constituante (Anc) et plusieurs représentants de la société civile, les journalistes de Dar Assabah sont plus que jamais décidés à préserver l’indépendance de la ligne éditoriale de leurs journaux. «Ni de droite ni de gauche mais une presse libre», lit-on sur l’une de leurs affiches.
Les journalistes de Dar Assabah ont déposé, il y a une semaine, 2 plaintes contre le nouveau directeur général. La première pour dilapidation des deniers publics d’une valeur de 40.000 dinars en mettant à la poubelle 16.000 exemplaires d’un journal imprimé qu’il a voulu censurer; affaire a été confiée à Me Najet Yaâkoubi, avocate du Snjt.
La seconde affaire, confiée à Me Majed Haj Ali, est relative à la tentative d’homicide volontaire du journaliste Khalil Hannachi, que M. Touati a traîné 200 mètres sur le capot de sa voiture.
La tension à Dar Assabah ne cesse de gonfler. Les rencontres avec le président de la république et les élus de l’Anc n’ont mené nulle part et le gouvernement reste muet, voulant imposer par tous les moyens un directeur général proche du parti Ennahdha.
Slim Riahi, homme d’affaires, président de l’Union patriotique libre (Upl) et président du Club africain, serait intéressé par le rachat de Dar Assabah, dont l’Etat détient 80% du capital. Il serait actuellement en négociation avec le gouvernement à ce propos.
Z. A.