Le témoignage de la jeune fille violée par deux policiers, le 4 septembre, samedi soir, sur la chaîne privée Attounissia, a bouleversé les Tunisiens.
La jeune fille, qui était accompagné de son fiancé – et compagnon d’infortune – était interrogée par Naoufel Ouertani, dans son émission ‘‘Labès’’. Même si l’image et la voix étaient floutées, pour préserver les deux victimes, le récit était poignant de vérité et d’une douloureuse précision.
Courageuse et déterminée à poursuivre jusqu’au bout ses agresseurs, la victime a eu, tout de même, des sanglots et quelques phrases qui en disent long sur son état de détresse psychologique: «Ma vie est terminée. Je ne peux plus rire, ni parler normalement à mes proches. Les visages de mes agresseurs sont en permanence devant moi. Je ne demande rien, sauf de voir mes agresseurs condamnés. Je pourrai mourir après»
Son financé a montré, lui aussi, de grandes qualités humaines et morales. «Nous continuerons à vivre comme avant.»
Mais au-delà de cet aspect dramatique, les faits rapportés sont d’une terrible précision et il sera difficile, même à une justice largement corrompue par Ben Ali et enrôlée aussitôt par Ennahdha, de tourner le dos à la terrible évidence des faits : il s’agit bel et bien du viol d’une jeune fille de bonne famille et de tentative de racket de son fiancé par trois policiers sans scrupules. Les preuves sont là et même des témoignages vivants (des gardiens d’une usine proche du lieu où se sont passés les faits), mais aussi audio et vidéo.
Quant aux vaines tentatives des collègues des agresseurs, lors de l’enquête, pour faire pression sur les victimes et les amener à abandonner leur plainte, elles ne font que confirmer la gravité des faits et trahissent les mauvaises pratiques d’un corps de métier, lui aussi corrompu par Ben Ali et enrôlé par Ennahdha, et qui a encore du mal à admettre qu’il y a eu une révolution, que la situation dans le pays à changé et qu’il n’y a plus de place pour l’impunité.
I. B.