Le gouvernement provisoire suit la voie de «l’ancien régime en appliquant la politique de musellement des médias et de désignation unilatérale de personnes proches du pouvoir à la tête des médias».
C'est ce qu'a déclaré qui participait à un colloque sur le thème: «Médias et transition démocratique», organisé samedi soir, à Sousse, par la Coordination de la société civile,
illustre son propos par le refus du gouvernement Hamadi Jébali réactiver les décrets-lois 115 et 116 concernant le secteur de l'information, relatifs au nouveau code de la presse et la création de la Haute autorité indépendance pour la communication audio-visuelle (Haica), publié sur le Jort début novembre 2011.
L’Anc et la «constitutionnalisation de la répression des libertés»
Ridha Jenayah, ancien membre du groupe d’experts de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution et l’un des auteurs de ces deux décrets-lois, a présenté, au cours de ce colloque, une analyse critique des projets de loi relatifs à la liberté d'expression présentés à l’Assemblée nationale constituante (Anc).
Ces textes, a-t-il fait remarquer, ont été élaborés par la majorité au pouvoir dans une absence totale de transparence et sans la participation des parties-prenantes dans le paysage médiatique, ouvrant la voie à «une constitutionnalisation de la répression des libertés».
Pour sa part, Sami Tahri, porte-parole de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a exprimé son étonnement de «l’indifférence du gouvernement face au mouvement de protestation des journalistes de Dar Assabah pour exprimer leur refus de la nomination du nouveau directeur».
Ces derniers, rappelons-le, observent un sit-in depuis une quarantaine de jours pour exprimer leur refus de la nomination unilatérale par le gouvernement d’un directeur général Lotfi Touati, ancien commissaire de police condamné pour corruption devenu journaliste propagandiste du régime de Ben Ali avant de rejoindre les rangs d’Ennahdha, parti au pouvoir, au lendemain de la révolution du 14 janvier 2011.
La «mère de toutes les batailles»
M. Tahri a qualifié la liberté de la presse de «mère de toutes les batailles», estimant que le droit à une information libre et indépendante constitue un droit fondamental du citoyen.
Au cours de cette conférence, les participants, spécialistes, syndicalistes, militants des droits de l’homme, ont dénoncé les tentatives du gouvernement d’«asservir» le secteur de l’information et de le «discréditer» auprès de l’opinion publique, soulignant que la liberté de la presse n’est pas uniquement le droit des journalistes mais de tous les citoyens sans exclusive.
I. B. (avec Tap).