L’émission ‘‘Bila Moujamala’’ a cherché à faire le buzz en provoquant, dimanche sur Hannibal TV, un face-à-face entre Lotfi Abdelli et Samir Dilou. Et ils l’ont obtenu. De quoi occuper les Tunisiens par des vétilles. Voir la vidéo...
Le comédien, fidèle à son image d’empêcheur de tourner en rond, a fait un geste de l'index en allusion au doigt et aux empruntes des élections. "nous avons donné ce doigt pour qu'il y ait élections et vous nous avez donné l'autre", a-t-il dit. Il ne fallait pas plus pour choquer le ministre des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle et porte-parole du gouvernement, qui a finalement quitté le plateau en tempêtant. M. Dilou ne lit apparemment pas les pages facebook des adeptes du parti islamiste Ennahdha, où l’on a droit à des expressions encore plus obscènes et plus vertes et qui sont, parfois, passibles de procès pour atteinte à la pudeur ou pour appel à la violence. Mais passons…
La polémique suscitée par cet épisode est futile et inutile. Elle fait des gorges chaudes dans les médias et les réseaux sociaux : de quoi occuper les Tunisiens par des futilités, alors qu’ils sont confrontés à des sujets autrement plus graves : insécurité, montée de la violence politique, incertitude sur l’avenir, aggravation de la crise économique, chômage galopant, révoltes des régions intérieures, etc.
On aurait peut-être aimé entendre Samir Dilou sur le dossier de la justice transitionnelle (ou transactionnelle) qui fait du surplace, le retour de la torture dans les prisons tunisiennes, les atteintes à la liberté d’expression sous le régime Ennahdha, les tentatives du gouvernement d’imposer sa mainmise sur les médias publics, les agissements violents de certains groupes proches de son parti Ennahdha…
Finalement, on a, une nouvelle fois, sombré dans le nombrilisme, la personnalisation et la recherche débile du sensationnel.
Qui faut-il blâmer? Les producteurs de l’émission qui cherchent le buzz à tout prix? Lotfi Abdelli qui outrepasse son rôle de comédien pour se mêler maladroitement de politique? Samir Dilou, qui ne s’occupe pas des dossiers dont il a la charge et qui passe son temps à courir d’un plateau à une autre? Est-il payé pour faire la star de télévision?
I. B.