Radio Kalima FM a officiellement lancé ses programmes sur le grand Tunis, sur la fréquence 90.7, lors d'une conférence de presse, vendredi, au Novotel à Tunis. Une rencontre à fleur de peau...
Par Samantha Ben-Rehouma
La conférence de presse a été donnée par Sihem Ben Sedrine, co-fondatrice de la radio et directrice de la rédaction, ainsi qu'Omar Mestiri, directeur général, et Zakia Hadiji, directrice de la programmation.
Changement de statut
Radio Kalima c'est avant tout une radio qui a connu pas mal de galères: attaque des studios (janvier 2009), journalistes attaqués par la police, poursuites judiciaires (usage illégal de fréquences et d'équipements non autorisés), grève de la faim... etc.
Ceci expliquant cela, et malgré un passage éclair lors de la conférence, Sihem Ben Sedrine a tenu dans son (mini) speech à remettre les pendules à l'heure : «Non, radio Kalima ne se résume pas à ma personne!»
Quelqu'un avait-il des doutes là-dessus? Le doute est désormais dissipé. Kalima c'est, avant tout, une équipe, une forêt que ne saurait cacher un «arbre» aussi vénérable.
Omar Mestiri et Zakia Hadiji, directeur général et directrice des programmes de Radio Kalima.
La nouvelle formule de la radio donnera ainsi à l'ancienne station dissidente le statut professionnel; ce qui sous-entendra, par conséquent, «de considérer le travail global de la nouvelle équipe professionnelle qui a permis l'émancipation et la mutation de la chaîne», comme l'a souligné Omar Mestiri, qui a rajouté que la radio continuera à mettre un point d'honneur à informer le citoyen tunisien en toute objectivité, de façon neutre et crédible. Prônant ainsi son droit a une information sans censure ni autocensure.
Dis-moi quand tu écoutes, je te dirai qui tu es
Sihem Ben Sedrine, très contractée.
Zakia Hadiji a, quant à elle, dévoilé la nouvelle grille des programmes de Kalima qui, selon elle, donnera un nouveau souffle à la station. En effet, trois grandes lignes définiront les programmes :
- le Drive Time axé sur (comme son titre l'indique) la matinale où les gens écoutent la radio en voiture ou dans les transports en commun;
- le Home Time pour les ménagères et le Free Time consacré aux jeunes.
Le tout avec toujours une priorité aux régions qui auront à loisir de débattre lors des émissions d'investigation ciblées sur les problèmes de la société. Bref, vous l'aurez compris à chaque heure sa cible.
A la question d'une consoeur qui voulait savoir si la ligne éditoriale était – comme beaucoup l'ont confirmé – dictée par Ennahdha, Omar Mestiri a qualifié la question d'accusation en niant que sa radio serait pro-gouvernementale.
Au bord de la crise de nerfs
Sihem Ben Sedrine: 'Kalima n'est pas moi''.
A la question de Kapitalis sur le financement de la radio, force est de constater que, là aussi, nous avons eu le droit à une longue litanie de reproches, d'anecdotes et autres discours cursifs qui s'assimilent plus à du dictatorship (le mot est lâché) verbal – une sorte de remise de bons et de mauvais points selon les questions posées et les opinions affichées – qu'à une réelle volonté de faire toute la transparence nécessaire à cette radio qui a beaucoup perdu en crédibilité, en image et en réputation à travers l'ultra-médiatisation de ses dirigeants, dont l'historiographie rendrait l'Illiade d'Homère pour un livre de poche!
De grâce Monsieur Mestiri – et sans que cela ne vire au règlement de compte à OK Corral –, je vous saurai gré à l'avenir de vous adresser aux journalistes de façon moins agressive et quant à vos argumentum ad personam, on vous conseillera vivement – si, bien sûr, vous le permettez – de les transformer en ad hominem. L'échange n'en sera que plus démocratique car, après tout, n'est-ce pas ce pourquoi vous vous êtes battu, ou est-ce qu'on se trompe?