Le chef du parti-Etat Ennahdha trahi par les vidéos circulant sur le Net ne pouvant plus ni induire en erreur ni prendre les Tunisiens pour des imbéciles. Le ''Nouvel Observateur'' revient sur la duplicité de son discours et du danger islamiste en général.
Les vidéos enregistrées, sans doute à l'insu des dirigeants islamistes et partagées dans les réseaux sociaux, révèlent la «véritable pensée de Rached Ghannouchi», écrit Laurent Joffrin dans un articlé titré «Le vrai visage des islamistes», publié hier soir sur le site du magazine français.
Le directeur de la rédaction du ''Nouvel Observateur'' est revenu sur une vidéo enregistrée en début de l'année lors de la rencontre de Rached Ghannouchi avec un groupe de jeunes militants salafistes, au siège d'Ennahdha à Montplaisir à Tunis, où son discours était loin d'être modéré.
«Que dit Ghannouchi? Loin de sermonner ou même de critiquer ces extrémistes, il discute avec eux pour défendre l'action de son parti. Le parti Ennahdha, explique-t-il, ne peut réaliser son programme aussi vite qu'on pourrait le souhaiter: les laïques, dit-il, opposent encore une forte résistance, dans la presse, dans l'armée et même dans l'appareil de l'Etat. Il faut du temps, ajoute-t-il, aux islamistes pour contrôler l'administration et les médias», écrit M. Joffrin. Et d'ajouter que, pour les démocrates tunisiens, «la menace est redoutable» et la vidéo «sauvage fait résonner un avertissement»: «l'ennemi est bien dans la place».
Cet article est paru alors que des affrontements ont lieu, depuis lundi, dans les montagnes de Kasserine entre des salafistes jihadistes et des unités de l'armée et de la Garde nationale (ayant fait un mort, Anis Jelassi, officier de la garde nationale de Kasserine). On parle d'une quarantaine de terroristes armés refugiés dans cette zone frontalière avec l'Algérie.
Mardi soir, les autorités ont désamorcé une bombe artisanale dans une station de bus à Kairouan (centre).
Le week-end dernier, un véhicule transportant des armes a été intercepté à Jendouba (nord-ouest) et des caches d'armes ont été découvertes, un peu plus au sud, près du Kef. Des salafistes jihadistes ont été arrêtés au cours de ces deux opérations.
Le ministère de l'Intérieur maintient le mutisme sur ces faits, qui dénotent une aggravation de la menace terroriste dans le pays.
Z. A.