Naouef 0uertani_ Noureddine Bhiri_Sami FehriDans un email envoyé à des dirigeants d'Ennahdha, le ministre de la Justice apporterait la preuve que le maintien de Sami Fehri en prison est une décision politique et non judiciaire. Vidéo... 

Dans cet email, obtenu par les «hacktivistes» du groupe Anonymus, qui ont piraté le compte mail de Noureddine Bhiri, ce dernier s'adresse à des dirigeants d'Ennahdha, notamment Adel Hamzaoui, Lârayedh (Ali ou Amer), Houcine Jaziri, Rached Ghannouchi, Ridha Saïdi, Mohsen Jendoubi, etc.) et leur indique les positions à exprimer publiquement concernant l'affaire du producteur de télévision et patron de la chaîne Attounissia, incacéré depuis plus de quatre mois.

L'email, daté du 27 décembre 2012, en pleine campagne pour la libération de Sami Fehri et à quelques jours d'une nouvelle audience de ce dernier (3 janvier 2013), et publié par deux pages Facebook, Alpha News et Admin TN, Noureddine Bhiri explique aux destinataires comment contrer «la campagne médiatique méthodique des médias pour faire libérer Sami Fehri» (sic!).

«Il convient d'axer (vos éventuelles déclarations, Ndlr) sur le fait que l'accusé a volé un montant 20 milliards de dinars (il s'agit, bien sûr, de millions et non de milliards, les dirigeants d'Ennahdha confondent millimes et dinars, Ndlr)», explique M. Bhiri, précisant que Sami Fehri «était l'un des principaux associés de Belhassen Trabelsi, beau-frère de l'ex-président.»

Le plus grave, et inquiétant dans cet email, c'est lorsque le Garde des Sceaux écrit que «la libération de Sami Fehri en ces circonstances pourrait avoir des conséquences graves et nous ferait apparaître dans une position de faiblesse et susciterait le mécontentement de notre base (d'Ennahdha s'entend)».

Ces données, présentées par Naoufel Ouertani, dans son émission ''Labess'' de mercredi dernier sur Attounissia TV, sont très inquiétantes, d'autant que le présentateur, qui a fait expertiser l'email en question par des experts de l'internet, affirme qu'il est «authentique à 90-99%».

Naouef Ouertani a de bonnes raisons de parler de «scandale» et d'exiger du ministère de la Justice de clarifier cette nouvelle affaire du mail de Noureddine Bhriri, qui démontre que la poursuite de l'incarcération de Sami Fehri, en dépit d'un jugement de la cour de cassation de Tunis en faveur de sa libération, est une décision politique, prise unilatéralement par le ministre de la Justice en personne et pour des raisons politiques et non judiciaires.

S'il s'avère que l'email est authentique – une expertise judiciaire s'impose –, cela apporterait la preuve définitive que la justice n'est pas indépendante en Tunisie et qu'elle est utilisée, par les dirigeants d'Ennahdha, comme un instrument de domination politique. Continuer, dans ce cas, à parler de transition démocratique, de constitution et d'élections serait d'une naïveté absolue.

R. K.

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