On a l’impression qu’entre Tunisiens et Egyptiens l’on s’achemine vers une «guerre» médiatique semblable à celle qui avait opposé les médias égyptiens et algériens durant plusieurs mois à cause d’un match de football. C’est peu probable, mais ce n’est pas exclu.


Suite aux incidents qui ont éclaté dimanche sur les tribunes du stade du Caire durant le match de demi-finale aller de la Ligue des champions d’Afrique entre Al Ahly du Caire et l’Espérance de Tunis, des voix (et des plumes) égyptiens se sont élevés non pas pour dénoncer la violence affichée par une partie du public espérantiste au cours dudit match mais surtout pour dénigrer, ridiculiser et appeler à punir les soi-disant fautifs et leur infliger les punitions les plus sévères.

Journalistes pyromanes
Ça a même dépassé toutes les limites. La colère de nos confrères égyptiens, alimentée parait-il par leur déception due au résultat du match en question, a atteint des seuils incroyables.
Ibrahim Hijazi, célèbre présentateur de la chaîne Nile Sport et figure de proue de la presse «provocatrice» égyptienne, a, lui, appelé les supporters sang et or par les qualificatifs les plus péjoratifs et les plus dénigrants. Lors de son émission-phare de cette chaîne (‘‘Le Cercle de la Lumières’’), Hijazi n’a pas lésiné sur les insultes sur fonds de haine et d’appels insistants à la récidive contre «le public nord-africain» puisque, selon lui, la violence dans les stades est un phénomène «strictement maghrébin».
Plusieurs journaux, sites-web et chaînes radio et Tv de l’Egypte se sont déchaînés contre le public tunisien et ont usé du même registre dénigrant et pyromane, avec des tons plus ou moins tendus que celui de Hijazi.

Mémoire courte
Hijazi, et ses semblables journalistes pyromanes, ont non seulement ignoré que ce qui s’est passé au Cairo Stadium est un phénomène universel, propre au monde du football, notamment quand il s’agit de derbys comme dans le cas de figure.
Ils ont surtout oublié qu’il y a moins de trois ans, la même arène a connu des scènes aussi violentes sinon plus mais à l’encontre… d’une équipe tunisienne, l’Etoile du Sahel.
Un certain 6 novembre 2007, lors de la remise du prestigieux trophée africain à nos représentants, des pluies de chaises et autres projectiles ont descendus sur les têtes des Etoilés en présence du président… Hosni Moubarak et d’Issa Hayatou, patron de la Confédération africaine de football (Caf), entre autres personnalités remarquables.
Où était la bande à Hijazi pour dénoncer, au moins, sinon pour appeler à «sévir les voyous» ?! Où sont-ils passés quand le bus de la sélection algérienne a été attaqué et la délégation algérienne agressée par des Egyptiens déchaînés à la veille du fameux match de qualification pour le mondial 2010 (du 17 novembre 2009)?
Tout ce qui s’est passé dimanche au Caire, aussi déplorable et dénonciable soit-il, n’explique en rien ce déchaînement inattendu (et inédit, dans le cas des rapports tuniso-égyptiens)  des médias de l’Egypte.

Superficiels ou réalistes ?
Heureusement que les médias tunisiens n’ont pas récidivé (pour le moment). Dans leurs parutions de lundi et de mardi, le sort de la dizaine de supporters espérantistes arrêtés au Caire, les commentaires du match et de son arbitrage par le Libyen Adel Raï et les pronostics du match retour l’ont remporté.
Quelques médias ont appelé à infliger aux inculpés (prix en flagrant délit par les caméras) les sanctions les plus sévères et se sont contentés d’exhorter l’Espérance ou toute autre partie tunisienne à adresser des excuses aux familles des agents d’ordres égyptiens agressés.
La leçon du 3 octobre est retenue par tout le monde. Espérons-le. Et, surtout prions pour que les scènes de violence et la «guerre des déclarations» n’apparaissent pas de nouveau à l’occasion du match retour le dimanche 17 octobre à Radès.

M.T.