article 19 21 3L'organisation Article 19 organise sa conférence nord-africaine, jeudi et vendredi, à l'hôtel El- Mechtel, à Tunis, sur le thème : «Protection de la liberté d'expression, d'association et de manifestation dans l'espace civique post printemps arabe».

Le printemps arabe n'a été possible que par la conquête de l'espace civique (physique et virtuel) par des millions d'hommes et de femmes qui ont exigés la liberté, la démocratie et le respect des droits humains.

A la suite de ces soulèvements populaires, des dictatures sont tombées, d'autres ont fait des concessions, mais d'autres régimes autoritaires continuent encore à régner.

De nouvelles législations liberticides

Cet espace civique, qui a été libéré dans les pays qui ont réussi le changement de leurs régimes politiques, est aujourd'hui en danger d'être de nouveau verrouillé, par de nouvelles législations ou par des méthodes qui rappellent celles utilisées par les dictatures déchues.

Des lois ont été adoptées à la hâtive, d'autres sont en préparation, couplées avec des politiques sécuritaires sévères risquent de remettre en cause la liberté d'expression et d'association acquises durant les moments des soulèvements populaires.

Les acteurs de la société civile et les journalistes sont devenus encore une fois la cible de discours de la haine et d'attaques physiques.

La violence et l'insécurité s'installent dans certains pays où des journalistes et leaders politiques sont menacés d'assassinat. Cette insécurité dans l'espace civique interpellent tous les défenseurs des droits humains à se solidariser pour faire fasse aux menaces juridiques et physiques contre la liberté d'expression et le droit d'association.

C'est dans le cadre de son programme régional consacré à la défense, la protection et la promotion de la liberté d'expression et d'association dans les pays Afrique du Nord, en particulier en Tunisie, que l'organisation internationale Article 19, basé à Londres, organise la conférence de Tunis.

L'objectif général de cette conférence est de contribuer à la protection de l'espace civique dans le cadre du post printemps arabe et d'un processus de démocratisation difficile. Un espace civique attaqué par des lois et des pratiques de gouvernements nouvellement élus, ainsi que par des groupes non étatiques.

Les participants sont appelés à approfondir la connaissance mutuelle sur les risques législatifs et pratiques que confrontent la société civile et les médias au niveau de la liberté d'expression et d'association.

Ils vont aussi partager les expériences sur les engagements des associations et des journalistes dans l'élaboration des nouvelles constitutions et des reformes au niveau des lois sur la liberté d'expression, d'association et de manifestation.

Ils vont également formuler collectivement les besoins prioritaires pour chaque pays et pour l'ensemble de la région pour le développement d'un programme de recherche, de plaidoyer et de formation pour les acteurs associatifs et les médias afin qu'ils puissent mieux s'engager, en toute sécurité, dans le processus de réforme.

Enfin, ils sont appelés à réfléchir sur la mise en œuvre d'un cadre régional de partenariat pour : i) encourager et soutenir l'engagement de la société civile et des journalistes dans les processus de changement des lois et autres régulations sur la liberté d'expression et d'association dans l'espace civique; ii) la formation à la protection (juridique et personnelle) pour les ONGs et les journalistes engagés dans l'espace civique; iii) renforcer la solidarité à travers des plaidoyers et des campagnes collectives.

La conférence est articulée autour de l'ensemble des thèmes suivants:

1- la violence dans l'espace civique que ce soit la violence excessive de l'Etat, à travers les forces de sécurités, ou celles des gangs et «baltagiyas», ou des groupuscules non-étatiques qui commencent à occuper l'espace civique. La violence prend aussi des formes raciales ou interethnique ou inter-religieuses ou vise les femmes en particulier, par le harcèlement sexuel ou le viol, pour les décourager de s'engager dans l'espace civique pour défendre leurs droits et libertés.

2- L'expérience d'élaboration des constitutions dans quatre pays (l'Egypte, le Maroc, la Tunisie et la Libye) du point de vue de l'engagement de la société civile à l'élaboration de clauses garantissant la liberté d'expression et d'association. La leçon à tirer du débat sur ce sujet est de savoir si cet engagement a été effectif et quels sont ses résultats, et si ces trois modèles (Egypte, Maroc et Tunisie) peuvent inspirer la société civile des pays comme l'Algérie et la Libye qui n'ont pas encore accéder à une phase de réforme constitutionnelle?

3- La liberté d'expression et la sécurité des journalistes : le changement démocratique dans les pays de l'Afrique du Nord ne se fera qu'avec des médias libres, indépendants et pluralistes. Les médias, et surtout les médias sociaux ont joué un rôle capital dans les changements politiques qu'ont connu les pays du «printemps arabes». Mais dans cette transition démocratique difficile, les journalistes sont devenus la cible d'attaques par des lois restrictives ou d'agressions physiques lors des couvertures des manifestations. Le panel de cette session répondra, selon la spécificité de chaque pays, aux questions suivantes : a) Quels rôles jouent les médias dans les processus de réformes démocratiques?; b) Quels types de législations et régulations les encadrent, ou sont entrain d'être élaborées par les gouvernements?; c) Quels types de pressions, de répressions et d'insécurités les journalistes sont-ils les victimes?, d) Quels besoins et attentes expriment-ils pour pouvoir contribuer aux processus démocratiques?

4- Le droit d'association et de manifestation pacifique et leur protection dans l'espace civique sont en péril dans beaucoup de pays de la région. Les autorités publiques ont adopté ou sont en train d'élaborer de nouvelles lois qui vont imposer des restrictions draconiennes sur le droit d'association et de manifestation. Des associations sont entrain de se mobiliser contre ces projets de lois. Le Panel sur ce thème aura à débattre entre autres questions: a) la situation de ces droits dans la loi et dans les projets de lois en cours de préparation; b) les risques physiques que confrontent les défenseurs des droits humains; c) le dialogue avec les gouvernements, s'il existe, sur l'élaboration de ces lois; d) les besoins pour protéger et soutenir les associations.

5- Le rôle des régions dans le changement démocratique. Les associations régionales dans les pays de l'Afrique du Nord jouent un rôle important dans les mouvements de protestation et de mobilisation des populations, surtout les marginalisées dans les petits centres urbains et ruraux. Les médias, surtout publics, ignorent ces régions, à l'exception des journalistes citoyens et activistes qui informent à travers les médias sociaux. Le Panel composé d'acteurs venants de différentes régions à l'intérieur des pays nord-africains, va répondre à un ensemble de questions, parmi les quelles: a) Quels rôles jouent les associations et les médias sociaux dans la mobilisation régionale pour les réformes démocratiques?; b) quels obstacles et risques se confrontent les acteurs régionaux?; c) Quelles sont leurs besoins et attentes?

6- La Tunisie : processus inachevés. La Tunisie, le pays qui a déclenché le printemps arabe, a entamé un processus de réforme démocratiques dans des domaines touchant à la liberté d'expression, de manifestation et d'association. Ces reformes ont été lancés au cours de la première phase transitoire, faisant de la Tunisie un modèle pionnier de transition démocratique en Afrique du Nord. Ces processus connaissent, depuis le début de l'année 2012, un blocage pour certains et un ralentissement pour d'autres. C'est un exemple qui mérite une analyse particulière, car ce qui se passe dans ce pays peut avoir des répercutions négatives ou positives sur les autres pays de la région, et même au-delà de l'Afrique du Nord.

7- La Protection juridique et physique des défenseurs des droits humains et des journalistes. Des experts internationaux introduiront le concept d'une protection holistique qui couvre les aspects de sécurité juridique, personnelle et physique.

8- Elaboration d'un futur plan d'action : Enfin, des ateliers suivront, où les participants chercheront à dégager les problématiques prioritaires et les réponses à y apporter afin de préparer un futur plan d'action pour la protection de la liberté d'expression et d'association dans l'espace civique des pays de l'Afrique du Nord.

Source : communiqué.