Ness Nessma Tunisie

Lorsque la recherche du scoop devient l'obsession du journaliste, ce dernier peut parfois oublier que le faux-pas, la maladresse, la confusion des genres et l'indélicatesse sont aux aguets pour lui ravir, à tout moment, la vedette. Vidéo. 

Par Moncef Dhambri

Une boulette de ce type, nous semble-t-il, s'est produite mardi chez nos confrères de ''Ness Nessma Spécial''. En effet, en dernière partie de ce «prime-time», le trio de l'émission (Hamza Balloumi, Sofiane Ben Hamida et Sofiane Ben Farhat) s'est acharné sur une malheureuse «orpheline en noir», Dalel Damak, et tenter par tous les moyens de lui tirer les vers du nez.

Les mystères de Fathi Damak

Tout d'abord, rappelons que, depuis près d'un mois, le collectif de défense de Fathi Damak, un homme d'affaires louche en tous points, s'est débattu pour faire monter la mayonnaise de cette affaire. Mardi, lors d'une conférence de presse, ce comité est venu une nouvelle fois nous expliquer qu'il souhaitait que M. Fethi Damak soit entendu par le juge d'instruction auprès de la 13e chambre du tribunal de première instance de Tunis dans le cadre de l'enquête relative à l'assassinat de Chokri Belaïd, «parce qu'il (Fathi Damak) a des révélations et des informations qui pourraient éclairer la justice et l'aider à retrouver le véritable criminel», nous apprend son avocate, Néjiba Chérif.

En définitive, cette rencontre de mardi avec les médias, dont les partisans de Fathi Damak voulaient faire une apothéose, n'a rien ajouté au dossier de cet homme d'affaires «pris au piège» par une caméra cachée alors qu'il traitait, avec deux hommes de main (Ali Ferchichi et Belhassen Naccache), de trafic d'armes et de liste d'assassinats d'hommes d'affaires et politiques et de journalistes.

Ness Nessma Dalel Damak Tunisie

Hamza Balloumi essaie de tirer quelques révélations à Dalel Damak... qui ne voulait rien lâcher.

Tout le monde a donc compris que la défense de Fathi Damak tenait à ce que le dossier de ce dernier soit coûte-que-coûte «arrimé» à celui du meurtre de Chokri Belaïd: Néjiba Chérif a parlé «d'un possible lien entre les deux affaires, étant donné que le nom de la victime Chokri Belaïd a été cité parmi les personnes qui devaient être assassinées».

Le flop médiatique de la matinée n'a pas empêché nos confrères de ''Ness Nessma Spécial'' de persister en invitant la fille de Fathi Damak, qui n'avait en réalité rien à dire sauf, peut-être, qu'elle souhaite que les autorités prennent toutes les dispositions nécessaires pour protéger les membres de sa famille, notamment son père qui est en détention à la prison d'El Mornaguia.

Dalel Damak

Dalel Damak, l'«orpheline en noir».

Dalel Damak ne lâchera pas le morceau

Pendant une bonne vingtaine de minutes, le deux Sofiane, assistés par leur collègue Hamza Balloumi, ont tourné et retourné le dossier dans tous les sens pour ne rien en sortir. La jeune fille avait les mêmes mots à la bouche. Lorsqu'elle pouvait construire une phrase correcte et complète, elle était capable de nous dire qu'elle aimait son père, qu'elle avait peur pour sa sécurité, qu'elle souhaitait qu'il soit entendu de nouveau par un autre juge et qu'elle faisait confiance à la justice. Rien de plus.

Les Sofiane ne l'entendaient pas de cette oreille. Face aux «tentatives d'évasion» de Dalel Damak et à son instance de ne rien révéler sur le secret de l'enquête, ils se sont transformés en investigateurs et ils pousseront, à chaque fois, le bouchon, encore plus loin – jusqu'à lui demander des précisions sur les accointances de Fathi Damak. Et à chaque fois, également, la jeune fille en noir, ainsi bousculée, en bafouait, mais elle ne lâchera jamais le morceau.

Sofiane Ben Hamida et Sofiane Ben Farhat

Sofiane Ben Hamida et Sofiane Ben Farhat  tournent et retournent le dossier dans tous les sens pour ne rien en sortir.

Bref, il s'agissait d'une vingtaine de minutes pour rien. Et nos animateurs ne pouvaient pas cacher leur déception. Une vingtaine de minutes pendant lesquelles on s'est ennuyé et on a supporté de voir Sofiane Ben Farhat se moucher, se frotter le nez et triturer son Kleenex, et l'autre Sofiane boucler la boucle en livrant son verdict sur cette affaire: «Mademoiselle, vous savez, votre père...», a-t-il jeté à la face de Dalel Damak et du téléspectateur.

C'est vrai, on aurait pu zapper.

Vidéo.