Le réseau Abdelaziz Ennajib et Arbia Jebali, l'un est syrien et l'autre est tunisienne, en contact permanent avec Ennahdha et ses dirigeants, aurait-il un lien avec le recrutement de jeunes tunisiens pour le jihad en Syrie? Une piste à creuser...

Par Zohra Abid

Dans une enquête publiée par l'hebdomadaire arabophone ''Akher Khabar'', dans sa livraison du mardi 26 mars, nos collègues ont peut-être mis sur une piste le procureur de la république qui a décidé, lundi, l'ouverture d'une enquête sur l'existence d'un réseau de recrutement de Tunisiens pour le jihad en Syrie.

Rached Ghannouchi (en pantoufle) reçoit chez lui Abdelaziz Ennajib. (Ph. Akher Khabar). 

Dans une enquête de 3 pages, le nom d'Abdelaziz Ennajib est revenu plusieurs fois, ainsi que ses photos, posant notamment aux côtés de certains dirigeants d'Ennahdha, dont Rached Ghannouchi en pantoufles – c'est-à-dire chez lui –, ainsi que sa fille Soumaya, l'épouse de l'ancien ministre des Affaires étrangères Rafik Abdessalem, le zélé co-organisateur de la 1ère Conférence des Amis de la Syrie à Tunis même, le député Habib Ellouze, le directeur du Centre d'études sur l'islam et la démocratie Radhouane Masmoudi, dont le think-tank est financé par des institutions états-uniennes, notamment le Département d'Etat, Arbia Jebali, une militante de l'association pro-Ennahdha Âdala Wa Horrya (Justice et Liberté)... De fil en aiguille, ces étranges accointances ne pourraient-elles conduire à un réseau bien structuré?

Habib Ellouze et Abdelaziz Ennajib: le pacte... (Ph. Akher Khabar).

De fil en aiguille...

Début de l'histoire : une famille au bord de la détresse à la recherche de son fils l'étudiant de 24 ans (que le journal appellera Omar) disparu en mai 2012 et qui serait parti avec d'autres jeunes dans un voyage organisé pour le jihad (au Mali ou en Syrie) sous la houlette d'un homme de la Cité Jayara au quartier populaire de Sejoumi, à la lisière ouest de Tunis.

Selon les appels relevés par la famille, il y a des numéros de téléphone avec des indicatifs étrangers, notamment en Libye (+218.91.70.26.502 – +218.919.68.76.603 – +218.919.714.116), à l'aéroport de Malte (+35.65.77.65. 42.33...) Puis plus une seule trace.
Suite aux appels de détresse de cette même famille, une certaine Arbia Jebali s'est présentée comme militante dans une association. Elle fait souvent des collectes pour aider les enfants de Syrie et qui serait en contact avec Soumaya Ghannouchi, avec des personnes influentes de l'opposition syrienne, de l'Armée libre de Syrie et de l'islamiste proche d'Ennahdha Radhouane Masmoudi, ainsi que de Abdelaziz Ennajib. Ce dernier a été accueilli par Rached Ghannouchi en personne à son domicile en compagnie du député Habib Ellouze (photo souvenir à l'appui).

Soumaya Ghannouchi épouse Rafik Abdessalem avec Arbia Jebali, liée au réseau Abdelaziz Ennajib. (Ph. Akher Khabar).

Des islamistes des USA sur le fil

Arbia Jebali a souvent prévenu la famille du jeune parti pour le jihad qu'elle ne devrait jamais contacter des parties de l'opposition ou des représentants de la société civile ou autres défenseurs des droits de l'homme.

Arbia Jebali a seulement donné à cette famille le contact d'un «journaliste», connu par tous les médias, comme étant un agent de la police politique sous le régime Ben Ali, et qui est aujourd'hui en liaison avec les islamistes aux USA.

M. Ennajib, selon le même journal, est l'homme au cigare, des boîtes de nuit et des soirées chaudes, se faisant souvent pousser une barbe lorsque l'occasion lui impose, et qui fréquente surtout le ministère tunisien des Affaires étrangères (ses photos faisant foi).

Ce même Abdelaziz Ennajib, qui s'est réuni à plusieurs reprises avec le directeur des renseignements généraux jordaniens, des Emirats et des USA pour parler de la situation en Syrie, a demandé, selon la même source, la libération de «Omar» contre 10 jeunes qui seraient bientôt expédiés pour le jihad en Syrie... Il fallait bien faire taire sa famille qui s'agitait dangereusement!

L''"Américain" et pro-Ennahdha Riadh Masmoudi avec Abdelaziz Ennajib: la "démocratie" en islam est en marche! (Ph. Akher Khabar).

''Akher Khabar'' a publié des photos, des correspondances, sur notamment Abdelaziz Ennajib, originaire de Dir Baâlba, près de Homs, qui a été arrêté, le 18 juin 2012, par l'armée d'Al Assad, mais il n'y a pas d'indication de la date ou des conditions de sa libération.

Ces données, qui se croisent dangereusement, devraient normalement intéresser les enquêteurs judiciaires tunisiens, si tant est qu'on leur laisserait la marge de manœuvre nécessaire pour essayer de remonter les pistes et atteindre les têtes du réseau tunisien dédié à la mobilisation de jihadistes pour la Syrie. On peut, cependant, avoir de sérieux doutes à ce sujet. Et pour cause...

Espérons, toutefois, que la suite ne nous donnera pas raison...