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Quand la presse de caniveau islamiste charrie des immondices de contre-vérités sur le compte des leaders de l'opposition, cela s'appelle «îlam al-âr» (média de la honte), celui d'une dictature qui essaie de se mettre en place.

Par Abderrazak Lejri*

Ayant été interpellé par le titre «Hamma appelle l'Algérie à intervenir et menace de brûler le pays» publié par le quotidien de langue arabe ''Eddhamir'' (conscience en français), dont tout le monde connaît l'obédience, dans son édition du jeudi 28 mars 2013, j'ai été littéralement sidéré en lisant (et relisant) l'article en page 5 – qui, en plus, comportait le sous-titre suivant: «Adolescence politique ou menace d'un nouveau 6 Février?» – de constater à quel point la presse jaune et les médias de basse facture peuvent travestir la vérité – notamment quand ils défendent mordicus l'agenda islamiste.

Sachant qu'après Chokri Belaïd, le leader du parti Watad, le prochain militant clairement menacé d'élimination est Hamma Hammami, leader du Front populaire, il faut vraiment que le journaliste qui a écrit le billet soit tombé sur la tête pour utiliser la formulation que ce dernier «menace d'un nouveau 6 Février», comme si les militants d'opposition de gauche recourent à l'auto-assassinat pour gagner en popularité et exister!

L'interview au journal algérien ''Echourouk'' dénaturée

Hamma Hammami, leader du Parti des travailleurs et porte-parole du Front Populaire, regroupant plusieurs partis de gauche, n'a rien dit de plus au journal algérien que ce qu'il a affirmé avec constance bien avant la date de l'assassinat du martyr Chokri Belaid, le 6 février: il a appelé à un gouvernement de salut national en mettant en exergue les dérives de gouvernance de la troïka au pouvoir, et en dénonçant la mainmise du parti islamiste Ennahdha sur les rouages de l'Etat, préfigurant l'échec survenu pour incompétence criarde après sept mois d'atermoiement d'un remaniement bloqué par des luttes partisanes.

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Un torchon est un torchon, le vernis islamiste n'y change rien. 

Après la date du 6 février, ce n'est tout de même pas Hamma Hammami mais le chef de gouvernement nahdhaoui Hamadi Jebali qui a reconnu l'échec de son gouvernement et appelé à la constitution d'un gouvernement de technocrates.

Ce tragique assassinat politique a au contraire confirmé la nécessité de changer de cap et le leader du Parti des Travailleurs, «extrémiste laïc» (sic !), visé par le discours inqualifiable de Moncef Marzouki au Qatar, n'a fait que remettre sur le tapis la nécessité de reprendre le dialogue national initié par l'Union générale des travailleurs tunisiens (Ugtt) saboté par Ennahdha et son affidé, le Congrès pour la République (CpR) du président Marzouki.

Les insanités du journal ''Eddhamir''

L'article d'''Eddhamir'', qui n'est pas signé (on appréciera au passage le courage intellectuel de son auteur anonyme!), qualifie de complot le droit de manifester pacifiquement pour dénoncer les dépassements quotidiens du gouvernement de transition, manifestations appuyées par le Front populaire et le reste de l'opposition.

Ainsi, donc, à en croire cette feuille de choux islamiste, le président du Parti des travailleurs, dont le passé militant est connu de tous et qui a défendu les islamistes quand d'autres faisaient profil bas, ferait partie du «gouvernement de l'ombre» et «fomenterait une contre-révolution», en connivence avec le mouvement Nida Tounès de l'ancien Premier ministre Béji Caid Essebsi (qui, de son côté, fait l'objet d'une tout autre cabale), dont tout le monde sait combien les fondamentaux sont éloignés de ceux du Front populaire.

Les accusations sont ainsi inversées, puisque la gauche diaboliserait le parti islamiste et son innocent guide Ghannouchi, qui seraient de parfaits démocrates appelant à la concorde en vue d'élections libres et transparentes, alors que le commun des mortels sait que l'agenda des islamistes est tout autre, puisqu'il font tout pour diviser le peuple tunisien en niant des pans entiers de son histoire dans le cadre d'une punition collective mue par une revanche non justifiée pour leurs années d'exil ou de prison.

Décidément, les islamistes focalisent leurs attaques à tour de rôle, chaque fois que pointent des concurrents potentiels les menaçant de la moindre éventualité de perdre les prochaines élections.

Les plus gros mensonges sont énoncés à la fin de l'article où il est dit que le président du Parti des travailleurs aurait imposé la grève générale du 8 février suite à l'assassinat de Chokri Belaïd à une direction mollassonne de l'Ugtt, dont, cette fois-ci, le secrétaire général Houcine Abbassi est qualifié de modéré (sic !). Et que Hamma Hammami s'auto-désignerait chef du gouvernement de salut public (re-sic!)

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