Bilel Chaouachi, le porte-parole d'Ansar Al-Charia, courant salafiste jihadiste, a fait un éloge appuyé du chef terroriste Oussama Ben Laden et pour son mouvement Al-Qaïda, lundi soir, dans l'émission ''9 Heures du Soir'' sur Ettounissia TV.
Bilel Chaouachi, qui parlait et n'écoutait personne, a refusé, au nom d'Ansar-Al-Chariâ, de se soumettre à la loi et de demander l'autorisation du ministère de l'Intérieur pour organiser, dimanche 19 août, le congrès annuel de ce mouvement salafiste jihadiste à Kairouan (centre). Selon lui, «plus de 50.000 partisans du mouvement et, peut-être, 100.000, dont beaucoup de l'étranger», pour prendre part à ce rendez-vous.
«Nous refusons de présenter une demande d'autorisation au ministère de l'Intérieur, car Allah nous a déjà autorisés» (sic !), a-t-il lancé, comme pour défier les services du ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou, qualifiés de «taghout» (despotiques).
Depuis l'assassinat, dans la nuit du 3 au 4 mai, du commissaire Mohamed Sboui par des salafistes jihadistes, et les explosions au Jebel Châmbi, qui ont fait une quinzaine de blessés parmi les forces de l'ordre, le ministère de l'Intérieur a interdit les tentes de prédication installées de manière anarchique par les groupes salafistes appelant au jihad. Suite à cette décision, ces derniers ont défié les autorités en installant des tentes de prédication un peu partout dans le pays. Des affrontements ont même eu lieu, samedi et dimanche, entre extrémistes religieux et les forces de l'ordre, qualifiées de «tawaghit» (despotes) à combattre.
Interrogé à propos de l'appel à la guerre sainte lancé sur la page officielle Facebook d'Ansar Al-Charia par le chef du mouvement Seifallah Ben Hassine (alias Abou Iyadh) – un ancien d'Afghanistan en fuite depuis l'attaque de l'ambassade et de l'école américaines à Tunis, le 14 septembre dernier –, Bilel Chaouachi n'y est pas allé par quatre chemins: «Les partisans d'Ansar Al-Chariâ sont âgés entre 20 et 30 ans et nous comptons sur eux pour unifier la nation. Nous croyons au califat. Nous ne reconnaissons pas les élections et nous appelons à l'instauration de la chariâ par tous moyens. Soit par le dialogue pour ceux qui le souhaitent soit par la force pour ceux qui nous l'imposent. Laissez-nous plus de visibilité et vous allez voir que le peuple tunisien va finir par se convertir à la cause d'Ansar Al-Chariâ. Ben Laden n'a fait que de bonnes choses et nous lui devions tout. Car, là où Al-Qaïda a gouverné, au Yémen, au Mali, en Syrie, la prospérité a régné. Il n'y a de démocratie que celle de Dieu», a-t-il répondu, sans laisser le temps aux autres invités pour réagir à ses propos. Le présentateur de l'émission, Moez Ben Gharbia, a dû l'interrompre plusieurs fois pour l'empêcher d'accaparer la parole.
Concernant les armes que détient le mouvement d'Ansar Al-Chariâ, découverts dans ses dépôts à Mnihla (près de Tunis) et à Médenine (sud), Bilel Chaouchi s'est gardé de répondre. Mais a déclaré que le mouvement d'Ansar Al-Chariâ a, le moment voulu, de quoi mener une guerre contre les ennemis de Dieu.
Bilel Chaouachi a été accusé d'avoir part aux violences contre l'ambassade et l'école américaines. Il a été arrêté, le 6 novembre, alors qu'il quittait les studios d'Ettounissia TV, où il venait de participer à l'émission ''Labess''. Il a été libéré le 9 novembre.