Nessma TV a tenu, jeudi, une conférence de presse assez insolite: interdiction aux journalistes de prendre des photos et les questions doivent être flatteuses et plaire à son patron Nabil Karoui. Pour le reste, circulez, il n'y a (presque) rien à voir...
Par Yüsra N. M'hiri
La conférence de la chaîne de télévision privée tunisienne mais à vocation maghrébine, tenue jeudi au siège de Karoui & Karoui, à Tunis, était consacrée à l'annonce de la grille du mois de Ramadan, qui commence dans quelque jours.
Au final, pas de grande surprise pour le mois saint, si ce n'est une nouvelle saison de la sitcom ''Nsibti Laâziza'', le sitcom à succès de la chaîne, et une caméra cachée intitulée ''Braquage''. Les autres programmes ne dérogent pas aux habitudes de la chaîne, avec notamment des feuilletons importés d'Egypte ou de Turquie.
Nabil Karoui, en homme de communication et de publicité, essaie de soigner l'emballage de sa grille de Ramadan en «vendant» une volonté de rassembler les familles devant le petit écran. «Nous, à Nessma, on est différents des autres. Nous avons fait l'option de ne pas diffuser de programmes politiques ou sociaux. Nous souhaitons que nos programmes soient divertissants afin de regrouper les familles, car Nessma, aime l'aspect familial», dit-il, avec sa verve habituelle, s'adressant, non pas aux journalistes, mais, à travers eux, aux... annonceurs.
Cependant, en regardant la liste des programmes présentés dans le dossier de presse, on a du mal à relever «l'esprit de famille» que M. Karoui essaie de vendre lors de la conférence de presse. A la question de Kapitalis (visiblement gênante si ce n'est offensante pour le patron de Nessma): «Hormis ''Nsibti Laâziza'', quels sont les programmes autour desquels vous comptez réunir la famille?», M. Karoui, s'emporte, devient agressif et explique que toute la grille cible la famille et que c'est ainsi que Nessma l'a conçue: «Nous savons que ce programme est familial et nous le regardons en famille», dit-il, puis, d'un geste de la main, coupe la parole au journaliste, et enchaîne sur autre chose.
Difficile de croire, face à un tel comportement dédaigneux sinon méprisant envers une journaliste qui a posé une question somme toute anodine, qu'on est en présence de l'un des grands communicateurs et publicitaires d'Afrique du Nord, qui plus est, associé à des monstres sacrés de la production audiovisuelle et cinématographique mondiale (Tarak Ben Ammar, Silvio Berlusconi...).
M. Karoui, qui aime s'écouter, aurait pu au moins réagir avec moins d'agressivité, éviter de couper la parole à ses invités ou leur tourner le dos parce qu'ils ont «osé» s'inscrire en faux contre ses affirmations...
L'humilité n'a jamais tué personne. Le ridicule non plus!