Le sort de la chaîne privée Attounissia, qui caracole en tête des enquêtes d'audience télévisée depuis le début de l'année, est pour le moins compromis. Le parti islamiste Ennahdha va-t-il réussir à faire vivre cette voix libre?
Par Imed Bahri
Les téléspectateurs ont été surpris, samedi soir, par l'interruption de la diffusion de l'émission ''Labes'', présentée par Naoufel Ouertani, sur la chaîne privée Attounissia, et l'apparition, sur la même fréquence de cette chaîne fondée par Sami Fehri, incarcéré dans une affaire de corruption, d'une autre chaîne portant le même nom, mais avec un logo légèrement retouché et des programmes complètement différents. Pour toute explication, les téléspectateurs ont eu droit à ce message laconique qui a ajouté au mystère de l'opération: «La direction de la chaîne Attounissia annonce la diffusion d'un nouveau bouquet».
Chaîne qui gêne ou affaire juteuse?
En réaction à ce qu'il a considéré comme une opération de vol caractérisé, Naouefl Ouertani a déclaré, sur sa page Facebook, que l'homme d'affaires Slim Riahi, patron de Tunisia Holding, qui a racheté, il y a quelques semaines, la fréquence d'Attounissia, cherche à «tuer» cette chaîne.
«Slim Riahi a coupé la diffusion et a pris le nom de la chaîne. C'est une nouvelle tentative pour la tuer. Nous allons parler et révéler une accord entre Slim Riahi et le gouvernement pour faire taire Attounissia. Nous révélerons les pressions et les tentatives de ce dernier pour changer la ligne de cette chaîne dont il n'est pas le propriétaire. Comme nous l'avons remis à sa place, il a décidé de couper le signal», souligne Naoufel Ouertani dans son post, ajoutant: «Nous allons parler et révéler la vérité et les parties qui complotent contre nous».
Naoufel Ouertani explique, dans le même post, que Slim Riahi possède la fréquence d'Attounissia, mais pas le nom de la chaîne. Il promet: «Nous allons revenir à la diffusion sur un nouvelle fréquence et nous dévoilerons le nom de la partie politique et la vérité sur son accord avec Riahi pour fermer la chaîne Attounissia».
Slim Riahi, par ailleurs président du Club Africain et de l'Union patriotique libre (UPL), a annoncé, pour sa part, la rupture de ses relations avec la société Cactus Prod, fondée par Sami Fehri, dont les parts ont été confisqués par l'Etat, après avoir découvert des dépassements financiers. Il a annoncé aussi le lancement d'un nouveau bouquet de chaînes appelées Attounissia Al Oula (généraliste), Attounissia Riadhia (sport) et Attounissia Ekhbaria (information).
Selon Imed Riahi, avocat de Slim Riahi, ce dernier a coupé ses liens avec Cactus Prod en raison de malversations financières, du non respect des termes de l'accord.
Les émissions diffusées par Attounissia sont des produits de la société et celle-ci peut signer des accords et les vendre à d'autres chaînes de télévision, a ajouté Imed Riahi, laissant entendre que des émissions comme ''Labes'', ''21 heures'' ou autres ''Fi Samim'' seraient désormais la propriété de Slim Riahi.
Un sauveur nommé Tahar Ben Hassine
Le patron de la chaîne Al-Hiwar Attounissi, Tahar Belhassine, a cependant déclaré qu'il met la fréquence de sa chaîne à la disposition d'Attounissia pour diffuser ses programmes, tous les soirs, à partir de 21heures.
Al-Hiwar Attounissi a accusé nommément le parti islamiste Ennahdha d'être derrière l'arrêt de la diffusion de la chaîne Attounissia, évoquant une alliance entre Ennahdha et le propriétaires de la fréquence d'Attounissia, Slim Riahi, pour faire taire la voix libre d'Attounissia.