La grève de la faim observée à partir de ce soir par le journaliste Sofiane Ben Farhat est la preuve que le cercle de la liberté d'expression ne cesse de se réduire sous la pression d'une nouvelle dictature qui tente de s'installer.
Par Imed Bahri
Dès l'annonce de la décision Sofiane Ben Farhat d'entrer en grève de la faim, ses confrères et consoeurs journalistes, ainsi que des dirigeants politiques et de la société civile se sont dépêchés, mercredi après-midi, au siège de Shems FM, au quartier des Berges du Lac, pour lui exprimer leur solidarité et pour dénoncer les pressions exercées sur le journaliste chroniqueur par les dirigeants du parti islamiste Ennahdha (au pouvoir) et qui se sont soldées, mercredi, par la décision de la direction de Shems FM de mettre fin à son contrat, sans doute à la demande des responsables du gouvernement, l'Etat détenant la majorité du capital de cette entreprise confisquée aux clan de l'ex-président.
Sofiane consulte ses emails sous le regard triste de sa fille.
Parmi les personnalités accourues auprès de Sofiane Ben Farhat, Basma Khalfaoui, veuve de Chokri Belaid, Jawher Ben Mbarek, président du réseau Dostourna, Zied Lakhdhar, secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié (Watad), Hamma Hammami, porte-parole du Parti des Travailleurs, mais aussi Tahar Ben Hassine, patron de la chaîne El-Hiwar Ettounissi, Zouhaier Latif, producteur à la BBC et à Ettounissia TV et Zied El Hani, membre du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).
L'épouse de notre collègue et ses 4 enfants étaient également présents et s'inquiétaient de la décision de grève de la faim de Sofiane Ben Farhat. La famille du journaliste vivait déjà très mal l'annonce, il y a une semaine, par le ministère de l'Intérieur, de la liste des personnalités à liquider établie par le groupe terroriste Ansar Al-Chariâ et où le nom de l'ex-chroniqueur de Nessma TV et Shems FM figure en bonne place.
Jawher Ben Mbarek et Basma Khalfaoui parmi les premiers arrivés à Shems FM.
Sofiane répétait qu'il faisait cette grève de la faim pour tirer la sonnette d'alarme sur les harcèlements dont les journalistes ne cessent de faire l'objet et parce que le cercle de la liberté d'expression ne cesse de se réduire sous la pression d'une nouvelle dictature qui tente de s'installer.
Sofiane raconte comment il a appris la décision de mettre fin à son contrat : par un email laconique, reçu peu après 18 heures, signé du directeur général de Shems FM, Fathi Bhouri.
Zied Lakhdar exprime sa soidarité avec le chroniqueur qui manquera aux auditeurs de Shems FM,après avoir manqué aux téléspectateurs de Nessma TV.
Les journalistes, dirigeants politiques et acteurs de la société civile continuent d'affluer : tous sont en colère et, surtout, inquiets de la multiplication des pressions sur le secteur médiatique et qui dénotent une inquiétante volonté des nouveaux maîtres du pays d'y imposer leur contrôle direct.
Illustration: Sofiane Ben Farhat entame sa grève de la faim entouré de ses enfants.