Les journalistes tunisiens, tous supports confondus, ont observé, mardi, un sit-in devant le siège de leur syndicat, pour protester contre les restrictions à la liberté d'expression et les tentatives du gouvernement provisoire de museler le «quatrième pouvoir».
Par Yüsra N. M'hiri
Les journalistes, dans leur grande majorité, ont observé une grève générale, la deuxième en moins d'une année – la première a eu lieu le17 octobre 2012 –, décidée par le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) et le Syndicat de la culture et de l'Information dépendant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Les médias ont été soutenus dans leur démarche par des figures politiques de l'opposition, notamment les députés dissidents, ainsi que des représentants de la société civile et même de simples citoyens soucieux de faire barrage à la mise en place d'une nouvelle dictature ennemie des médias. Reportage en images.
Zied El Heni, libérée lundi après 4 jours d'incarcération qualifiée d'illégale par ses avocats, et accueilli en star du jour par ses collègues, s'est donné pour mission d'être le «soldat de la liberté de la presse» en Tunisie postrévolutionnaire.
Boutheina Gouiâ, journaliste à la Radio Nationale, privée d'antenne depuis près d'un an, dit être fière de ses collègues, dont la présence au sit-il est en elle-même, «une preuve de courage, car les journalistes de la radio avaient subi les pressions du directeur général pour ne pas se joindre à la manifestation».
Les citoyens, venus nombreux soutenir la cause de la liberté de la presse, en appellent à la responsabilité du gouvernement provisoire, conduit par le parti islamiste Ennahdha.
Les petits manifestent pour la liberté de la presse. La mobilisation est, en quelque sorte, dédiée à eux. Elle vise à leur épargner les affres de la dictature et de la police de la pensée.
Sana Ben Achour, ancienne présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), et Salma Baccar, cinéaste et députée retirée de l'Assemblée nationale constituante, expriment leur solidarité avec les journalistes. Leurs sourires laissent transparaître la force et le courage de la femme tunisienne.
Ahmed Seddik, secrétaire général du parti Ettaliaâ et dirigeant du Front populaire. Juriste de formation, il soutient la liberté de penser et d'informer qui ne peut constituer, selon lui, une raison pour emprisonner les gens: «Museler la liberté de la presse, est contraire à la démocratie», martèle-t-il.
Les jeunes journalistes, dont le dynamisme et le militantisme ne sont plus à prouver, étaient présents en grand nombre au sit-in. «La presse est au service de la nation et non d'Ennahdha», lit-on sur l'une de leurs pancartes.
Mongi Rahoui, députés dissident, apporte son soutien au sit-in des journalistes: «Le combat d'une presse libre est celui de tous les Tunisiens», dit-il.
Zied Lakhdhar, secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié (Watad), n'a pas, lui non plus, manqué à l'appel. «Une presse libre est l'un des fondements de la démocratie», souligne-t-il.
Deux femmes, devenues célèbres pour leur opposition à toute forme d'opposition et ferventes défenseuses d'Ennahdha, viennent, à chaque manifestation anti-gouvernementale, provoquer les manifestants en agitant des slogans où se lit une volonté de chercher la rixe. Elles, ont encore une fois, sévit, du moins ont-elles tenté avant que la foule ne leur crie «Dégage». Les forces de l'ordre les on ensuite éloignées de la foule en leur demandant de calmer leur ardeur.