Selon Serge Moati, «Laurent Fabius passera, cet été, des vacances en Tunisie. Il faudrait qu’il ne soit pas le seul à le faire».
Le réalisateur et écrivain français d’origine tunisienne a toujours eu les mots tendres, les mots sincères pour parler de la Tunisie. Hier, sur ‘‘France Info’’ (FI), il a dit tout le grand bien qu’il pense de la Tunisie et de sa révolution. Il a revendiqué, avec la plus forte conviction d’un Goulettois qu’il restera, sa «naïveté» de continuer à croire que la révolution du 14 janvier 2011 est toujours en marche, alors que le Printemps arabe est en sérieuse panne, et qu’il y a et qu’il aura, en Tunisie, démocratie… Il attend les prochaines élections. En attendant, aussi, il a incité, avec son zèle inégalable de Franco-tunisien ou de Tuniso-français (on ne sait plus), à ce que les Français fassent un saut et qu’ils visitent notre pays. D’ailleurs, il a rappelé, aux auditeurs de FI, que le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a déjà pris option pour passer, cet été, des vacances en Tunisie. «Il faudrait qu’il ne soit pas le seul» à faire ce déplacement, insiste Serge Moati. Serge Moati (capture d'écran). Invité, dimanche matin, de ‘‘Mémoire vive’’ de Jean Leymarie, sur FI, pour «évoquer un évènement qui l’a marqué», Serge Moati, né en Tunisie il y a 67 ans, a, comme à l’accoutumé, déclaré sa passion folle pour la Tunisie et les Tunisiens. Il dit aimer «totalement» les Tunisiens et la Tunisie. Il croit en la Tunisie, les Tunisiens et la révolution. Il a parlé, avec des mots justes et précis, de «la révolution de la dignité», puisqu’il était là et qu’il revient, chaque fois qu’il le peut, parce qu’il «adore» la Tunisie. Il se laisse emporter, en décrivant ce qu’il a vécu de notre 14 janvier, «l’étincelle Bouazizi» qui l’a déclenchée, le soulèvement de la société civile et la société populaire tunisiennes qui a suivi, la fuite «Zinochet (…) qui s’est sauvé, comme le lâche qu’il a toujours été», les nombreux rebondissements, les hauts et les bas et les espoirs que la Révolution continue de nourrir… De tout cela, Serge Moati parle avec ferveur, tendresse, amour, grand amour. Pour lui, il est vrai que les choses tardent à prendre une forme définitive, que les rêves suscités par la révolution se font toujours attendre, que les «islamistes, qu’on n’a jamais vus auparavant dans les rues de Tunisie, sont sortis de je-ne-sais-où pour récupérer la révolution». Il y a eu, selon lui, des moments de doute et de questionnements: «On se disait ‘tout çà pour çà?’ ‘Bouazizi n’est pas mort pour un paradis quelconque, pour un paradis d’Allah!’». Aujourd’hui, les choses seraient réglées, dans un sens: «Je suis de nature superstitieuse. En tout cas, à présent, les islamistes ont quitté le pouvoir. Et ceux qui ricanent tout le temps sur la démocratie possible dans les pays arabes en sont pour leurs frais», déclare Serge Moati, l’homme qui adore tellement la Tunisie à «aimer l’odeur du détergent de l’aéroport de Tunis-Carthage», selon son aveu... Trouver meilleurs mots, plus tendres mots, des mots plus sincères pour déclarer sa flamme pour la Tunisie, son «addiction», serait très difficile. La ministre du Tourisme, Amel Karboul, qui a là un scoop, serait bien inspirée de le faire tourner en boucle.
Moncef Dhambri |