Il est tout de même surprenant qu’un intellectuel puisse faire, aujourd’hui en Tunisie, une grève de la faim pour défendre sa liberté d’expression.
Indomptable, l’expert économique et financier Mourad Hattab a lancé un nouveau défi à la face de tous ceux qui veulent le priver de la liberté de parole. «Je poursuivrai la grève jusqu’au dernier souffle de ma vie», a-t-il déclaré, hier, au micro du journal du soir de Nessma TV, en réponse aux pressions professionnelles dont il fait l’objet. En grève de la faim depuis trois jours et ne renonçant en rien à son franc-parler habituel, M. Hattab a réitéré son refus de battre en retraite face aux menaces à sa vie et à celles de ses proches. «On exige de moi de ne plus intervenir dans les médias, par mes déclarations et mes écrits. On veut m’imposer de demander la permission pour dire ce que je souhaite dire – et cela est interdit par la loi. On voudrait que je cesse d’enseigner à l’université, ce qui équivaudrait de priver le peuple tunisien de mon expertise professionnelle», lance-t-il. «La situation que je traverse a atteint son paroxysme. Les choses sont devenues insupportables: mes intérêts sont sérieusement menacés. Le coup d’arrêt qui est porté à ma carrière est peut-être une perte symbolique, mais il n’est pas normal qu’en Tunisie on puisse ainsi faire obstacle à l’expertise et à l’expérience», se plaint-t-il. Accusateur, l’économiste habitué des plateau de télévision et de radio dénonce «le comportement de quelques personnes, placées à la tête de certaines institutions du pays, qui gèrent les affaires de ces dernières comme si elles étaient une plantation qui leur appartient», mettant en garde tous ceux qui pourraient succomber à la tentation de porter de faux témoignages contre lui. Et il menace encore: «Je fais le sacrifice de ma santé et le prix est également fort élevé pour les membres de ma famille, mais je poursuivrai mon combat pour la liberté jusqu’au dernier souffle de ma vie». Marwan Chahla |