Hamma Hammami pense exactement la même chose que Nabil Karoui à propos de la Haute autorité indépendante de la communication audio-visuelle (Haica).
«Il devrait y avoir, dans ce domaine, une consultation la plus large possible entre toutes les paries concernées», a dit hier, sur Nessma TV, le porte-parole du Front populaire (FP), en réponse à une question sur la vive polémique suscitée par le cahier des charges de la Haica. «Autrement, nous sommes sur la voie de l’institution d’un nouveau ministère de l’Information», a-t-il ajouté. Invité par Hachem Bouaziz, lors de l’émission ‘‘Rencontre spéciale’’ de Nessma TV, à se prononcer sur le cahier des charges de la Haica, nouvelle autorité de régulation des médias audio-visuels, et «le coup dur qu’il porte à la liberté de la presse et la menace qu’il fait planer sur des centaines d’emplois dans ce domaine», selon notre confrère, Hamma Hammami a réitéré la position du Front Populaire à ce sujet: «Nous avons toujours été clairs là-dessus. Nous préférons qu’il y ait, en Tunisie, une information libre, qui peut parfois commettre des erreurs et des écarts, plutôt qu’une information soumise et muselée, sous prétexte qu’il peut y avoir des écarts. Laissons, donc, l’information libre. Progressivement, les choses se clarifieront et elles s’organiseront mieux», a-t-il dit. «En parcourant le cahier des charges en question, j’ai vraiment eu le sentiment que l’on est sur la voie de la ré-institution d’un nouveau ministère de l’Information. Ce document est répressif et dangereux. Il crée une super-instance, au-dessus de tout et de tous, qui donne des ordres, qui frappe, frappe et frappe… Non, les choses ne devraient pas se passer ainsi. Il est vrai qu’il faille combattre le monopole et les mauvaises pratiques. Personne n’est contre cela. Mais, à bien regarder, la démarche est anticonstitutionnelle et on a l’impression que la Haica s’est autoproclamée en superpouvoir, elle accaparerait les prérogatives des ministères de l’Intérieur, des Finances, la Justice, l’Information, le premier ministère, etc. (…) Alors que, normalement, son rôle aurait dû être celui de l’organisation du secteur dans le cadre, bien évidemment, du respect de la liberté de la presse», a ajouté M. Hammami, sincèrement inquiet ou cherchant à plaire à son hôte, Nabil Karoui, patron de Nessma TV, qui dirige la campagne contre les cahiers des charges de la Haica. Le porte-parole du Front populaire, qui reprend l’argumentaire de M. Karoui presque mot pour mot, s’interroge sur la manière de procéder de la Haica: «En préparant son cahier des charges, pourquoi n’a-t-elle recouru à une consultation de toutes les parties concernées, à savoir les propriétaires et dirigeants des médias, et les journalistes aussi? Lorsque l’on souhaite vraiment réformer un secteur, la règle démocratique dicte que l’on invite à la table de la réflexion toutes les parties que cette réforme touche, qu’on les écoute et que l’on tienne compte de leurs avis, avant de rédiger le cahier des charges». Hamma Hammami qui n’est, bien sûr, informé à ce sujet que par Nessma TV, ignore que cette consultation a bel et bien eu lieu et que la profession a largement contribué à la conception des fameux cahier des charges. «Ce cahier des charges, sous sa forme actuelle, ne passera pas, j’en suis sûr», a conclu M. Hammami, qui a perdu une occasion de se taire. Marwan Chahla |