Les événements, qui se déroulent depuis le 17 décembre dans certaines régions de notre pays, ont apporté, une nouvelle fois, la preuve de la faillite des médias tunisiens… sur le net.
Il suffit, en effet, de faire aujourd’hui une recherche sur le mot clé «Tunisie» via le moteur de recherche Google News pour remarquer une quasi-absence des médias tunisiens sur des événements qui se passent pourtant dans notre pays.
Conséquence: pour savoir ce qui se passe en Tunisie, les internautes, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, trouvent, au premier plan, les médias internationaux. Français pour ce qui est de la langue française, mais aussi algériens, canadiens, suisses ou belges. Pour ce qui est de la langue arabe, ce sont les sites du Moyen-Orient qui accaparent l’information relative à la Tunisie. Idem pour la langue anglaise.
Comment rétablir «la» vérité des événements?
On peut toujours déplorer les déformations et les exagérations des événements vus par ces médias étrangers. Mais force est d’admettre que nous ne sommes pas en mesure, nous autres Tunisiens, de rétablir «la» vérité, en diffusant une information à la fois juste, crédible et capable d’avoir sa place sur le web.
Pis : loin d’améliorer l’image de nos médias auprès des Tunisiens, la couverture des derniers évènements a mis à nu le décalage entre la pauvreté de l’information diffusée par les médias nationaux et les immenses attentes du public, à l’intérieur et à l’extérieur.
C’est ce décalage – qu’il s’agit de déplorer par-dessus tout – qui explique la quasi-absence des médias tunisiens sur la scène internationale, et plus particulièrement sur les questions relatives aux affaires tunisiennes.
Il convient de noter, à ce propos, que cette quasi-absence n’est pas spécifique aux journaux électroniques. Elle est aussi le lot de tous les autres médias nationaux, y compris les chaînes de télévision, publiques et privées, qui sont restées, trois semaines durant, en retrait, laissant la place, toute la place, aux chaînes étrangères, notamment Al Jazeera, France 24 et Bbc arabe.
Les informations… en vrac
Pour ne rien arranger, l’étrange mutisme des chaînes tunisiennes a ouvert la voie aux médias alternatifs, réseaux sociaux et autres, qui se sont chargés de diffuser une information en vrac, y compris des images tournées par des téléphones portables. Ces images, dont il est difficile de vérifier l’authenticité, ont inondé non seulement le Net, mais aussi les écrans des télévisions mondiales. Celles-ci, ne trouvant pas d’images à passer pour illustrer les informations relatives aux événements en cours en Tunisie, se sont rabattues sur ces images : les seules accessibles et disponibles.
En guise de conclusion, on ne peut s’empêcher de poser la question suivante aux architectes de notre système d’information: Comment les événements en Tunisie auraient-ils évolué et auraient-ils été perçus, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, si les médias tunisiens, et à leur tête les chaînes de télévision, avaient fait correctement leur boulot, dès le déclenchement de ces événements?
Ridha Kéfi