journaliste tunisie
Le pays est encore dans la tourmente ! Certes, mais l’heure est à la vérité.Et les journalistes, tous supports confondus, bougent pour réformer un secteur qui a largement été laminé par l'ancien régime.


Les journalistes haussent le ton devant leurs patrons (et patronnes). Il les accusant, preuve à l’appui, d’avoir été au service de l’ancien régime et de s’être enrichis rapidement et de manière  spectaculaire. Un tour de 180° en même pas une semaine. Sobhan Allah ! 

Fahem Boukaddous libre :
Le journaliste a été a libéré avant-hier, à 15h30, de la prison de Gafsa. Il avait été condamné le 16 juillet à quatre ans de prison ferme pour diffusion des informations de nature à troubler l’ordre public. En fait, il avait couvert, en janvier 2008, les agitations du bassin minier de Gafsa, au sud ouest du pays.
Parmi les prisonniers politiques, pas moins de 1.800 ont déjà quitté leur cellule et respiré l’air de la liberté.

Au Syndicat des journalistes:
Les journalistes syndicalistes n’arrivent plus à retenir leur langue. Ils ont mis sur table tout ce qui les empêche de dormir. Lors d’une réunion, hier, au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), à Tunis, ils ont souligné la nécessité de trouver des solutions pour  ceux d’entre eux qui travaillent dans des supports de l’ancien parti au pouvoir, le Rcd, et qui risquent d’être privés de leur salaire.
Une autre liasse de dossiers épineux attend d’être décortiquée point par point. Notamment celui des autorisations exigées pour l’exercice du métier, détenues généralement par une poignée de gens mouillés jusqu’au cou avec l’ancien régime et salis par la corruption et l’argent facile.
Lors de cette réunion, bon nombre de journalistes ont demandé la destitution de tout responsable des médias du pays ayant tiré bénéfice de sa proximité avec le pouvoir déchu au détriment des journalistes et de leur aspiration à une presse libre. Les journalistes n’ont pas manqué de faire un constat: bon nombre de leurs collègues, réputés pour leur allégeance à Ben Ali et à sa clique, et qu’ils ont toujours servi avec zèle, ont tourné leur veste en un clin d’œil. Il y a apparemment «une pénurie de vestes réversible en Tunisie», a noté avec humour le journal français ‘‘Libération’’ à propos de ces girouettes. 

A Dar Al Amal :
Alors que dans toutes les régions du pays, la colère du peuple gonfle au fil des jours contre le Rcd, les journalistes du ‘‘Renouveau’’, leurs collègues d’‘‘Al Hourrya’’ (deux quotidiens du parti au pouvoir depuis les années 1930) et tous les employés de la Sagep, société affiliée au même parti, sont dans l’incertitude. Ils s’inquiètent sur leur devenir. Ils ont organisé un sit-in, avant-hier, sous la houlette du directeur.

A ''La Presse'':
Les journalistes de ‘‘La Presse’’, organe officieux du gouvernement publié par la société Snipe, ont forcé, avant-hier, leur directeur, un certain Mansour Mhenni, à quitter les lieux. C’est la première fois dans l’histoire du pays que des journalistes et des techniciens destituent leur directeur de ses fonctions. Leur slogan: plus jamais de censure après la révolution du peuple.

A Dar Al Anwar:
Les journalistes de Dar al Anwar, eux aussi, font un peu beaucoup la tête à leurs patrons (l’administration et les rédacteurs en chef) très proches du gouvernement de Ben Ali et de son ancien conseiller Abdelwahab Abdallah.
Parmi leurs revendications: mettre hors circuit les figures emblématiques des quatre supports de la maison qui ont été au service de la famille présidentielle jusqu’à la veille de la fuite du président déchu. Toute la pression se fait à huis clos. Puis que les portes de la maison sont fermées… Au prétexte (presque) drôle: «Nous avons peur pour votre sécurité», disent les responsables à leurs rédacteurs qu’ils croient pouvoir encore prendre pour des débiles.

Le choc des ondes :
Les journalistes de Canal 21, chaîne publique, se sont enfin rebellés et ont brisé le silence. Avant-hier, ils étaient nombreux à renvoyer leur directrice, elle aussi, une affidé du système Ben Ali-Abdallah. Zapper, il n’y a rien à voir ! Mais leur aînée, la Télévision tunisienne nationale (ex TV7) est en train de changer de discours, difficilement certes, maladroitement, et avec un manque évident de professionnalisme. Pourvu que ça continue !

Au siège de radio Sfax :
Les choses ne vont pas aussi bien qu’on ne le pense dans la capitale du sud. Là, ce sont les citoyens qui ont investi le siège de la radio pour dire aux journalistes ce qu’ils pensent d’eux et de leur langue de bois.

A Dar Assabah:
Dar Assabah vit, elle aussi, au rythme des événements. Et c’est tout à fait normal! Le nom du patron de la maison n’est autre que Sakher El Materi. Le nom du gendre préféré du couple Ben Ali-Trabelsi a été biffé du générique des journaux. Tout comme celui de Fayçal Baâtout, directeur de la rédaction. Il y a quatre jours, Raouf Cheikrouhou, l’ancien patron de la maison, fort des 20% de parts qu’il y possède encore, est entré en ligne pour reprendre le legs de son père. Autre surprise: le personnel s’est révolté contre lui et a vite manifesté sa grogne: «Assabah hourra, hourra et Cheikhrouhou âla barra!» (Assabah libre et Cheikrouhou dehors !).

Tarek Dhiab monte au créneau:
Dans une interview accordée à la Télévision tunisienne nationale (Ttn), l’ancien footballeur Tarak Dhiab, interdit dans la presse nationale depuis au moins deux ans pour avoir critiqué l’appareil sportif en général et le système du football en particulier, a dit tout ce qu’il avait sur le cœur: «Non à l’héritage de Ben Ali. Le Rcd a facilité au président déchu l’oppression de son peuple. Tout comme son gendre Slim Chiboub qui a mis la main sur le secteur du football avec son impressionnant appareil mafieux».

Ttn allergique au mauve :
Depuis que l’on a éjecté le logo de la télévision nationale, l’habillage tout en mauve – couleur préférée de Ben Ali – a disparu aussi et c’est le rouge qui rappelle les couleurs du pays qui a pris le dessus.

‘‘Libé’’ à deux dinars
Depuis au moins une dizaine d’années, le quotidien français ‘‘Libération’’ n’a pas le droit d’afficher ses couleurs en Tunisie. Depuis mardi 18 janvier, le journal se vend à deux dinars dans les kiosques. Vive la liberté !

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Zohra Abid