Les journalistes doivent mener un travail cohérent de pédagogie afin de protéger les Tunisiens des extrémistes, des profiteurs et des agitateurs qui veulent se servir de la Révolution du Jasmin.
Personne ne peut nier la métamorphose qui s’est accomplie dans le paysage médiatique de notre pays. Depuis le 13 janvier, tous les médias, ou presque, ont montré leur volonté de se réconcilier avec le peuple. Cependant, nous avons encore beaucoup de travail.
La meilleure information possible
En effet, le journaliste et son rédacteur en chef, souvent pressés par les évènements et les déclarations, n’ont pas le temps de mener une réflexion approfondie sur les priorités des médias tunisiens. Dans ces moments de crise, nous devons connaître nos priorités, malgré la pression de l’actualité, sans se préoccuper des scoops et de l’audience...
Le premier point concerne la confiance du grand public. Pour la réinstaurer, il faut défendre tout le métier et non seulement les médias. Pour surmonter cette crise de confiance, nous devons rester solidaires en oubliant le passé: ne plus chercher dans le passé des concurrents. Nous devons cesser de nous critiquer les uns les autres. Si nous nous unissons, nous serons plus efficaces et surtout beaucoup plus crédibles.
Le deuxième point consiste à tout faire, en urgence, pour délivrer la meilleure information possible, la plus riche et la plus honnête, sur la vie politique en Tunisie. Le Tunisien veut comprendre ce qui se passe autour de lui. Notre rôle consiste à laisser la parole aux politiciens. Mais aussi à élaborer un vrai travail de recherche et d’investigation sur toutes les figures politiques, analyser leurs biographies et les idéologies qui les réunissent. Nous ne devons pas nous limiter aux plateaux de talk show. Les reportages et les interviews doivent être nombreux et approfondis, beaucoup plus que ce que nous avons été amenés à faire dans le passé.
Pour une presse libre, responsable, crédible et efficace
Dans ce contexte, je pense qu’une comparaison entre la Tunisie et d’autres pays qui ont connu des révolutions comparables, au cours des vingt-cinq dernières années, sera bénéfique. En effet, cette comparaison permettra de montrer que, partout, ce sont des hommes de l’ancien régime qui ont assuré la transition vers une vie politique régénérée, rénovée.
Troisième point: la nécessité d’encourager le Tunisien, par tous les moyens, à s’engager dans la vie syndicale, associative et politique. Cela permettra aux citoyens de trouver plus d’espaces d’expression. Et il favorisera aussi une rénovation accélérée de la vie démocratique, du gouvernement, pour le plus grand bien du pays.
Le quatrième point devrait nous amener à réfléchir à une collaboration avec les blogueurs tunisiens. Certains ont acquis plus de crédibilité que nous. La plupart sont immergés dans la société tunisienne. Nous devons dialoguer avec eux, leur donner la parole à travers nos médias pour gagner leur confiance et leur soutien. En outre, ils peuvent être une source d’information considérable dans notre travail de tous les jours.
Pour discuter de ces quelques idées, les enrichir, les confronter démocratiquement, je vous invite à une réunion qui nous permettra de discuter et d’approfondir la recherche d’une nouvelle voie vers une presse tunisienne libre, responsable, crédible et surtout efficace.