Larbi et Mehdi Nasra, le propriétaire de Hannibal TV et son fils, ayant des rapports de parenté par alliance avec l’épouse de l’ancien président, s’emploient via cette chaîne «à faire avorter la révolution des jeunes, à propager la zizanie, à inciter à la rébellion et à la diffusion de fausses informations de nature à créer un vide constitutionnel et à déstabiliser le pays en vue de l’entraîner dans une spirale de violence ayant pour objectif de rétablir la dictature de l’ancien président», ajoute une source autorisée citée par l’agence officielle Tap.
«Haute trahison» et «complot contre la sûreté de l’Etat»
Considérant l’état d’urgence et dans un souci de garantir la sécurité de la Tunisie et de faire réussir la révolution que vit le pays, un mandat d’arrêt a été lancé contre le propriétaire de la chaîne et son fils en attendant de les traduire devant la justice pour «haute trahison» et «complot» contre la sécurité de l’Etat, souligne la même agence.
Suite à une décision du gouvernement provisoire d’union nationale, la chaîne a repris, dimanche soir, sa retransmission après une interruption des programmes pendant quelques heures.
Cette interruption est intervenue à la suite de l’annonce de l’arrestation du propriétaire de la chaîne et de son fils.
Juste après la reprise de la retransmission, Ahmed Nejib Chebbi, fondateur et leader du Parti démocratique progressiste (Pdp), ministre du Développement régional et local, est apparu à l’écran, affirmant que sa présence au siège de la chaîne Hannibal TV intervient en réponse aux instructions de M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, pour exécuter cette décision.
«En mon nom personnel et au nom du chef du gouvernement qui m’a confié cette mission, nous nous excusons pour l’interruption de la transmission de la chaîne Hannibal TV», a indiqué M. Chebbi. «Cette erreur n’est pas politiquement assumée. C’est pourquoi nous sommes venus pour rétablir la situation», a-t-il ajouté.
Le système de contrôle de l’information
Le gouvernement n’a pas pris la décision d’arrêter la transmission de la chaîne, a-t-il précisé, faisant remarquer qu’en dépit du déséquilibre observé au niveau des apparitions sur les différentes chaînes tunisiennes, aucune mesure n’a été prise face à cette situation.
Quelles que soient les remarques et les appréciations sur le rendement de ces chaînes, «cela ne peut point justifier l’entrave à la liberté d'opinion», a ajouté Chebbi.
Cet épisode traduit un manque flagrant de coordination entre les divers services de l’Etat, conséquence de la crise gouvernementale actuelle. Il envoie des signes inquiétants à l’opinion publique, car il apporte la preuve que le système de contrôle de l’information héritée de l’ancien régime est encore en place.
Kapitalis, regrette l’arrestation du patron d’Hannibal TV, une chaîne de télévision qui s’est imposée dans le paysage médiatique national par la qualité de ses programmes, et espère que l’enquête soit menée avec toutes les garanties de la légalité et de la transparence, loin de tout esprit de revanche ou de règlement de compte.
La crédibilité du gouvernement en jeu
Il va sans dire que la parenté des Nasra avec les Trabelsi n’est pas en soi une preuve suffisante de l’implication du père et de son fils dans un «complot» visant à rétablir l’ancien régime. Les enquêteurs devraient donc être en mesure d’apporter des preuves tangibles et irréfutables pour justifier cette grave accusation. Sinon, leur acte porterait un grave préjudice à la crédibilité du gouvernement d’union nationale.
R. K.