Nessma TV, en manque de communication, joue à la victime et ameute tout son monde, prétendant qu’elle va être fermée par la Haica. L’instance de régulation dément.
Nessma TV a présenté, dimanche 28 septembre 2014, un plateau spécial où artistes, activistes de la société civile, journalistes et politiciens ont débattu de la soi-disant «décision arbitraire» de la Haica de fermer les 2 chaines Nessma TV et Hanibal TV. Or, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), institution indépendante s’il en est, n’a pris aucune décision en ce sens. En fait, l’instance de régulation a donné jusqu’au 28 septembre 2014 aux stations radio et chaines de télévision de signer le cahier des charges relatif au secteur audiovisuel… Au-delà de cette date, des sanctions pourraient être prises, conformément au décret-loi n°116 relatif à la mise en place de la Haica. Il s’agit, dans ce cas, de sanctions financières (amendes de 20.000 à 50.000 dinars) et, en dernière instance, de saisie d’équipements… La suspension ou fermeture ne concerne, en fait, que les médias audiovisuels privés créés au lendemain de la révolution de janvier 2011 et qui n'ont pas obtenu d'autorisation légale pour diverses raisons : non présentation de demande, dossier incomplet ou autres. La Haica a précisé que les dossiers de Nessma et Hannibal sont en cours d’étude et qu’aucune décision n’a été prise les concernant. Nabil Karoui, patron de Nessma TV, fils de pub devant l’Eternel, et qui n’écoute que sa propre personne, a cru pouvoir profiter de l’occasion pour faire... son coup de pub: au cas où cela doperait une audience qui pointe du nez. Nabil Karoui grand défenseur de la liberté des journalistes: n'est-ce pas une blague? Le plateau télévisé, présenté par la chaine pour dénoncer «les décisions de la Haica», avait quelque chose d’à la fois pathétique et ridicule. Pathétique, parce qu’il donne une idée du niveau de désinformation, de mensonge et de manque de professionnalisme auquel une importante chaine de télévision privée est arrivée. Et ridicule, parce que ses chers invités – pour la plupart obligés ou intéressés ou habitués aux courbettes – parlaient de choses qu’ils ignoraient et répétaient des phrases qu’on leur a dictées. Bien sûr, M. Karoui – qui prétend être un grand professionnel et se permet même de parler au nom des journalistes – n’a pas jugé nécessaire de donner la parole aux membres de la Haica pour exposer leur point de vue. Il n’y avait donc de place que pour les accusations et les vociférations contre les membres de l’Instance qualifiés, de «fascistes, injustes, prenant des décisions dignes du régime du dictateur Ben Ali, assassins de la liberté, etc.». De quoi les passer par le peloton d’exécution ! Outre certains personnages publics, moins soucieux de vérité que de plaire à Nabil Karoui (en espérant qu’il continuerait de les inviter sur ses plateaux), Nessma a interrogé des téléspectateurs, visiblement mal informés voire manipulés, sur la vraie fausse décision de fermeture NessmaTV. Comme on pouvait l’imaginer, toutes les personnes interrogées – sans exception: on appréciera l’unanimité qui ferait rougir Ben Ali et Abdelwaheb Abdallah – se sont indignées et ont accusé la Haica d’atteinte à la liberté d’expression, en voulant faire taire «les voix libres». Pas moins... La veille de l’émission, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) s’était pourtant réuni avec les responsables des deux chaînes concernées pour essayer de les convaincre de se conformer aux règles et aux procédures, en signant le cahier des charges et en acceptant le système de régulation mis en place dans le pays. M. Karoui aurait été crédible et honnête s’il avait juste expliqué aux téléspectateurs pourquoi il ne veut pas signer le cahiers des charges, comme l’ont fait la plupart de ses collègues (Mosaïque FM, Jawhara FM, Cap FM, etc.) Qu’a-t-il vraiment à cacher? Y. N. M. |
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