Investigation-Nessma13 associations et Ong sont «profondément préoccupées par les graves dérapages» et «pratiques illégales et contraires à l'éthique professionnelle de certains médias audiovisuels privés.»

Dans une déclaration diffusée lundi 20 octobre 2014, à 6 jours des législatives, prévues dimanche prochain, ces associations et Ong «considèrent que ces pratiques, telles que l’‘‘enquête journalistique’’ diffusée, le 12 octobre courant, sur la chaine de télévision Nessma, constituent une menace réelle pour le processus démocratique en Tunisie et pour la liberté d'expression, l’acquis le plus important réalisé après la Révolution.»

«Elles condamnent les tentatives de contrôle du paysage médiatique par certains hommes d’affaires, et l'utilisation des médias comme tribunes pour régler des comptes personnels, induire en erreur l'opinion publique et perturber le processus électoral.

«Elles mettent en garde contre la gravité de la persistance de certaines chaines de radio et de télévision à faire preuve d’insubordination à l’égard de la loi et à ignorer les décisions de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), à l’instar, notamment, de la chaine de télévision Zitouna, qui émet sans autorisation légale, et dont l’un des animateurs a déchiré, en direct, le 10 octobre courant, la décision de la Haica condamnant ce média à une amende pour propagande politique.

«Les Ong soussignées estiment que les raisons les plus importantes qui ont contribué à l'amplification de ces pratiques sont, en particulier :

«- l'absence de volonté politique et de sérieux dans le traitement du dossier de la réforme des médias, au cours des trois dernières années;

«- le retard dans l'application des lois régissant le secteur et dans la mise en place de de la Haica;

«- les tentatives de marginaliser et d’affaiblir la Haica ou de la dépouiller de ses prérogatives;

«- la diabolisation des médias de service public pour essayer de les mettre genoux ou de les soumettre, au service d’intérêts partisans;

«- l’absence de réaction des pouvoirs publics pour imposer le respect de la loi.

«Dans ce cadre, les Ong, signataires de la présente déclaration, condamnent les propos agressifs prononcés, le dimanche 12 octobre courant, par Mohamed Moncef Marzouki, président de la république et candidat à l'élection présidentielle, contre les journalistes en général et les médias de service public, en particulier, ainsi que les accusations et les menaces proférées par des responsables du parti du Congrès pour la République (CpR) contre certains médias privés.

«Elles appellent, également, toutes les parties concernées à accélérer la mise en place d’un ‘‘conseil de la presse’’, sous forme d’une instance d’autorégulation indépendante, conformément aux standards en vigueur dans les pays démocratiques, pour mettre fin aux violations des règles professionnelles et déontologiques de la profession dans le secteur de la presse écrite et électronique.»

Les organisations signataires:

- Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) ;

- Association tunisiennes des femmes démocrates (ATFD) ;

- Association Vigilance pour la démocratie et l'État civique ;

- Centre de Tunis pour la défense de la liberté de la presse (CTLP) ;

- Comité pour le respect des libertés et des droits de l'homme en Tunisie (CRLDHT);

- Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES);

- Syndicat tunisien des radios libres (STRL) ;

- Observatoire des libertés académiques pour les universitaires tunisiens (OLAUT)

- Fondation Chokri Belaid contre la violence;

- Fédération des tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR) ;

- Observatoire arabe des religions et des libertés ;

- Association Nawaat ;

- Association tunisienne de défense des valeurs universitaires (ATDVU).

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